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Virginie Efira: «Avant, je ne montrais pas ma fragilité»

L’actrice belge est à l’affiche depuis ce 21 octobre du formidable « Adieu les cons » d’Albert Dupontel, une comédie très noire qui lui a permis de révéler ses failles.

PourCiné-Télé-Revue

A la lecture du pitch d’« Adieu les cons », on pourrait se croire dans un drame social déprimant : une coiffeuse, Suze Trappet, apprend qu’elle est condamnée par une maladie due à ses bombes aérosols. Avant de mourir, elle veut retrouver le fils qu’elle a abandonné à la naissance. Pour l’aider, elle ne peut compter que sur un fonctionnaire qu’elle a interrompu dans sa tentative de suicide et un archiviste aveugle. Mais on est dans l’un des meilleurs films d’Albert Dupontel, avec « 9 mois ferme » et « Au revoir là-haut ».

Un rôle physique

Sertie dans ce magnifique écrin, Virginie Efira est un diamant qui affine de film en film son jeu. On ne l’avait jamais vue aussi émouvante (le final va vous faire craquer), dans un rôle aussi casse-cou et physique. Peut-être parce que depuis la naissance de sa fille, Ali, 7 ans, elle apprend à baisser la garde. Après « Victoria », « Elle » et « Benedetta », la religieuse aux pulsions sexuelles refoulées du film de Paul Verhoeven (dont la sortie a été reportée d’un an, en mai 2021), on lui fait remarquer que Suze est un nouveau personnage à fêlures, loin des blondes solaires des comédies romantiques comme « Vingt ans d’écart », au début de sa carrière.

« C’est vrai ! Avant je ne jouais que des filles qui allaient bien. Maintenant, elles vont toutes très mal ! Elles sont malades, borderline, schizophrènes… Je ne sais pas trop quoi penser de l’image que je donne aux réalisateurs », rigole l’actrice. « Les cinéastes me voient peut-être comme une grande tarée ! Moi, je me sens bien, même dans le climat morose actuel, et je suis contente de pouvoir explorer des côtés plus sombres, moins superficiels. Ce que vit Suze n’est pas facile, mais elle a aussi un côté personnage de BD, courageuse, pas pleurnicharde. Ce paradoxe, c’est une chose que je peux insuffler. Il n’y a pas une personne sur terre qui n’est que déprimée, ou malade, ou malhonnête, ou bienveillante. C’est important de montrer cette ambiguïté, dans une époque où on est obligé de se caricaturer. »

Au sujet du tournage avec Albert Dupontel, Virginie témoigne : « C’était intense. Il est passionné, il connaît le cinéma. Il a pensé à tout, il a une urgence à raconter. C’est intéressant là-dedans de trouver sa propre liberté. J’aime beaucoup aussi le fait qu’il soit intéressé par l’image, qu’il me fasse venir au combo. »

Besoin de consolation

Virginie Efira, à 43 ans, s’est toujours montrée forte, pleine de confiance en elle. Mais ça cacherait donc aussi des fêlures secrètes ? « Je ne pleure vraiment pas beaucoup dans la vie », acquiesce-t-elle, « mais ce n’est pas pour ça que je n’ai pas besoin de consolation. J’ai aussi une tristesse en moi, comme tout le monde. Avant, je ne montrais pas ma fragilité. C’était comme une politesse, ne pas imposer aux autres mon manque de confiance en moi. Des émissions comme « Mégamix » ou « Nouvelle Star » avaient imposé une image de moi joyeuse, alors que j’étais pétrifiée par la timidité. » Une image qui est restée longtemps. « J’ai été contente quand Justine Triet m’a dit qu’en me regardant on pouvait s’imaginer que j’allais très mal ! Le rôle qu’elle m’a offert dans « Victoria » m’a ouvert la voie. »

Notons que cette année aurait dû être son année, avec la présentation à Cannes de « Benedetta », au lieu de ça, elle est restée coincée comme tout le monde. La comédienne a donc mis cette période à profit pour renforcer sa relation avec l’acteur Niels Schneider, rencontré il y a deux ans. Jusque là, ils se voyaient surtout entre leurs tournages respectifs. « C’est une chance par moments d’être séparé de l’autre, pour pouvoir se retrouver ensuite ». Mais là, « j’ai mené une vie un peu moins nomade, même si depuis qu’Ali est là, je n’ai jamais eu à me séparer d’elle. L’appartement n’était pas immense. On est retrouvés tous ensemble, dans une même pièce. Il fallait s’adapter à la situation, inventer des choses. On a regardé beaucoup de films et de séries – c’est mieux que de passer son temps à manger ! J’ai découvert mille ans après tout le monde « Watchmen », « Top of the lake », « Sharp objets ». J’ai revu des Woody Allen, des David Lynch… »

Retrouvez l’interview en intégralité dans votre Ciné-Télé-Revue de cette semaine, avec Virginie Efira en couverture.

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