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«Une intime conviction», ou «le concours Lépinede l’hypothèse»

Retour sur la mystérieuse affaire Suzanne Viguier, qui a passionné la France entière et montré une fois de plus le talent oratoire de l’avocat Eric Dupond-Moretti, incarné ici par Olivier Gourmet.

PourCiné-Télé-Revue

Le 27 février 2000, Suzanne Viguier, née Blanch, 38 ans, prof de danse montant des chorégraphies dans un cabaret transformiste de Toulouse, disparaît mystérieusement. C’est du moins ce que son époux, Jacques Viguier, professeur de droit, vient annoncer à la police quelques jours plus tard, le 1er mars. Problème, Jacques Viguier précède de peu Olivier Durandet, l’amant de la disparue, qui vient faire part de son intime conviction de la responsabilité du mari cocu dans le sort funeste réservé, à n’en pas douter, à la malheureuse. Commence ce jour-là une enquête policière qui va faire grand bruit en France, alimentant les journaux, inspirant le cinéma, avec le film diffusé ce soir, et bien sûr aussi la télévision. Avec le téléfilm « La disparition », dans lequel joue Géraldine Pailhas, et à travers les émissions télé consacrées aux grandes affaires criminelles. C’est bien simple, elles y sont toutes passées : « Faites entrer l’accusé », « Les faits Karl Zéro », « Secrets d’actualité », « Spécial investigation »… Neuf documentaires en tout, dont, bien sûr, « Non élucidé ». Car vingt-deux ans après les faits, on ne sait toujours pas ce qu’il est arrivé au juste à Suzanne Viguier, maman de trois enfants.

Les enquêteurs de la SRPJ de Toulouse vont être d’emblée confrontés à deux thèses opposées. Jacques Viguier, qui, apparemment, ignorait l’existence d’un amant dans la vie de sa femme, et prétend ne pas savoir ce qui a pu lui arriver, et l’amant en question, qui accuse Jacques Viguier. Dans un premier temps, les enquêteurs vont soupçonner le mari, comme il est de coutume, et aiguillés par les assertions d’Olivier Durandet. Surtout qu’un élément important va le mettre en cause : le couple faisait chambre à part et, dans la chambre qu’occupait Suzanne, la police découvre que le matelas de son clic-clac est manquant. Viguier se retrouve en garde à vue.

Durandet, l’écornifleur

Mais la belle image d’Olivier Durandet, l’amant éploré, va rapidement se flétrir. Le père de Jacques Viguier le qualifie de profiteur, d’« écornifleur » qui « sous ses airs patelins de bon gros Raminagrobis, a influencé les témoins et les policiers ». Et de fait, il va se retrouver à son tour en garde à vue, pour subornation de témoin : la baby-sitter de la famille finira par reconnaître être allée avec lui dans la maison des Viguier plusieurs jours avant la déclaration de la disparition de Suzanne, et avoir caché ce fait compromettant à la demande de Durandet.

C’est néanmoins le mari qui va se retrouver aux assises pour un premier procès, dont il sortira acquitté, puis un procès en appel, où il va être défendu par le ténor du barreau bien connu Eric Dupond-Moretti, futur ministre de la Justice et compagnon d’Isabelle Boulay. Plaidant le doute dans une affaire qu’il compare à un « concours Lépine de l’hypothèse », il obtiendra l’acquittement définitif de son client. Dans « Une intime conviction », il est incarné avec sa maestria habituelle par notre compatriote Olivier Gourmet, aidé par une Marina Foïs remarquable aussi hors de son registre comique.

« Une intime conviction », 8 août, 20h20, la Une.

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