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Sœur Sourire, cette martyre pop belge au destin aussi exceptionnel que dramatique

La chanson « Dominique » de Soeur Sourire, aujourd’hui objet de raillerie, était à l’époque un véritable tube, devenu numéro 1 aux États-Unis. Un succès compliqué pour son interprète…

PourCiné-Télé-Revue

En 2009, face à la caméra du réalisateur flamand Stijn Coninx, Cécile de France incarnait l’une des plus grandes stars de la chanson belge, Jeannine Deckers. Ce nom ne vous dit sans doute pas grand-chose, mais si on vous dit son nom de scène, Sœur Sourire, tout de suite, malgré les années qui passent, cela évoque quelque chose. Sœur Sourire était une religieuse entrée chez les dominicaines à seulement 16 ans, en 1959, et qui allait connaître un destin aussi exceptionnel que dramatique.

Dotée d’un joli grain de voix et d’une ferveur naïve, elle composa pour son ordre en 1963 une petite chanson, « Dominique », qui allait connaître un succès foudroyant. Ce titre allait être numéro 1 aux États-Unis et les deux albums composés dans la foulée allaient faire la course en tête dans les charts US. Le rêve inatteignable de tout chanteur francophone.

En 1966, « The singing nun », tiré de son histoire, avec Debbie Reynolds en vedette, était nominé à l’Oscar de la meilleure adaptation musicale. Une incroyable success story… sauf pour Jeannine Deckers. Peut-être entrée trop tôt dans les ordres, la jeune femme se met à douter de sa vocation. La manne financière amenée par son succès n’a fait que creuser le fossé avec l’Eglise. 1966 devient ainsi aussi l’année où elle réintègre le siècle. Problème, le nom de scène Sœur Sourire appartient aux dominicaines. Elle ne peut plus l’utiliser. Elle essaie de poursuivre sa carrière avec un autre nom, en produisant des textes de plus en plus engagés (notamment pour la pilule contraceptive), mais cela ne fait que la brouiller davantage avec le public qui applaudissait « Dominique ».

Avec sa rime malheureuse (« Dominique nique, nique »), la chanson n’est plus qu’un objet de raillerie. Récupérer une infime partie des revenus qu’elle a gagnés mais dont elle n’a jamais vu la couleur va pourrir la vie de la jeune femme. Son unique soutien, c’est son histoire d’amour avec Annie Pécher, une thérapeute pour enfants autistes. Une passion lesbienne qui a forcément du mal à passer auprès de ses anciens fans. La dépression allait frapper le couple endetté, qui choisissait de partir ensemble en 1985. Gravant ainsi le nom de Sœur Sourire parmi les martyrs de l’histoire de la musique pop.

« Soeur Sourire », 19 juillet 2021, 20h55, Arte.

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