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«Scandale»: le harcèlement sexuel des puissants avant l’affaire Harvey Weinstein

Nicole Kidman, Charlize Theron et Margot Robbie sont les trois héroïnes de ce film tiré d’une histoire vraie, qui dénonce le harcèlement sexuel des puissants.

PourCiné-Télé-Revue

Si en Europe, ce sont surtout les remous de l’affaire Harvey Weinstein qui ont contribué à lancer #MeToo et aidé à libérer la parole des femmes victimes d’abus sexuels, aux États-Unis, d’autres scandales avaient déjà « préparé le terrain », si l’on peut s’exprimer ainsi. Il y a eu Bill Cosby, bien entendu, poursuivi dès le début des années 2010 pour ses agressions sexuelles, mais il y eut aussi l’affaire Roger Ailes, sur laquelle revient « Scandale », le film de Jay Roach diffusé ce soir.

Durant l’été 2016, une information fracassante vient claquer dans le ciel bleu de l’Amérique. Roger Ailes, directeur de la chaîne d’information Fox News, est accusé de harcèlement sexuel par plusieurs employées de la chaîne du milliardaire Rupert Murdoch. Il lui est reproché d’avoir favorisé les « promotions canapé » et aussi d’avoir exercé des mesures de représailles contre celles qui refusaient de « montrer leur fidélité à la boîte », pour reprendre une de ses expressions. Fox News, proche des républicains et particulièrement du candidat Donald Trump, acculée par la multiplication des témoignages, finira par le pousser à la démission – non sans lui remettre un chèque de 40 millions de dollars pour ses bons services.

La première à porter plainte pour ses agissements fut Gretchen Carlson (interprétée par Nicole Kidman dans le film), une gloire de la chaîne, qui avait cependant attendu son licenciement avant de contacter ses avocats. Seule, elle se heurtait à un plafond de verre : aucune employée ne voulait se retourner contre son propre patron et compromettre la suite de sa carrière en faisant éclater la vérité. Au cœur du film, on voit comment son combat va pousser certaines de ses anciennes collègues à sortir de l’ombre, à braver les risques, pour mettre fin aux diktats de Roger Ailes – celui-ci d’ailleurs mourra l’année suivante, victime d’une chute à 77 ans, sans être passé par les tribunaux.

On suit en particulier le parcours de Megyn Kelly (jouée par Charlize Theron), alors l’une des stars de la chaîne ultraconservatrice, dont la voix va peser lourd dans la balance pour précipiter la chute d’Ailes. Le personnage de Kayla, nouvelle employée naïve mais ambitieuse que campe Margot Robbie, est lui fictif, mais emblématique des sacrifices auxquels devaient consentir les nouvelles recrues pour espérer grimper les échelons ou, simplement, ne pas perdre leur place. En 2017, le « New York Times » révélera que plus de 13 millions de dollars avaient été versés par Fox News à différentes employées pour qu’elles ne portent pas plainte… depuis 2002.

« Il y a beaucoup de points communs entre Roger Ailes et Harvey Weinstein », confiait Charlize Theron à « Ciné-Télé-Revue », à la sortie du film. « Ils jouissent de ce qu’on appelle les privilèges des hommes blancs fortunés, à qui on n’a jamais rien refusé. C’est un truc qui court depuis des siècles, et c’est ce qu’il y a de plus dangereux avec ces types. Non seulement, ils se croyaient tout permis, mais leurs actes restaient sans conséquence, impunis… »

« Scandale », 25 novembre, 20h30, RTL-TVI.

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