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Rudy Ghyselinck, nouvelle recrue de «Face au juge»: «Il y a parfois des coups d’éclat»

Nouvelle recrue de Julie Denayer, le juge de paix du premier canton de Mons nous explique ce que vous ne voyez pas à l’écran.

PourCiné-Télé-Revue

Qu’est-ce qui vous a motivé à accepter cette médiatisation ?

L’aspect pédagogique de l’émission avec la capsule qui suit l’audience filmée expliquant des notions de droit. En diffusant une audience réelle, cela permet aux personnes qui se retrouveront un jour devant un tribunal de dédramatiser et de comprendre que le juge applique la loi au cas par cas.

Vous n’avez pas peur des critiques des téléspectateurs ?

C’est vrai que la magistrature n’a pas une bonne image… La fonction de juge de paix n’a rien à voir avec ce que le téléspectateur voit dans une série américaine. Le juge de paix est confronté à ce que Monsieur et Madame Tout-le-Monde vivent au quotidien. Il est là pour trouver une solution concrète et rapide. Si la décision est bien motivée, les justiciables la comprendront et l’accepteront plus facilement. Si ce message-là passe, même s’il y a des critiques, j’arriverai à les affronter.

On a l’impression que vous ne vous désarçonnez jamais…

Parfois, je hausse le ton si les personnes présentes à l’audience viennent pour se défouler et se rejeter la balle, au point qu’elles en oublient ma présence. À ce moment-là, je tempère et je joue mon rôle d’arbitre. Dans la majorité des cas, les gens viennent sans avocat devant le juge de paix, ils sont complètement dans l’émotionnel et il y a parfois des coups d’éclat.

La pression, pour vous, comment se manifeste-t-elle ?

Tout le monde estime que son dossier est urgent et prioritaire et tout doit aller vite, c’est un stress qui se répercute aussi sur le travail du greffier et des employés en première ligne. Il y a des situations qui pourrissent des années, les gens arrivant devant le juge de paix comme s’il était le sauveur. Les justiciables espèrent que nous réglions la situation d’un coup de baguette magique. J’ai des centaines de nouveaux dossiers par semaine, j’en traite annuellement 2500, sans oublier les dossiers de protection judiciaire. En général, les justices de paix n’ont pas assez de personnel, l’informatique n’étant pas toujours adaptée à nos besoins.

Une facette de votre métier que ne montre pas « Face au juge » : vos déplacements.

Effectivement, je me rends aussi chez des particuliers incapables de se déplacer, dans les homes et les hôpitaux pour auditionner des personnes nécessitant une protection judiciaire en vue de leur désigner entre autres un administrateur de biens. Il y a un établissement psychiatrique dans mon canton. Je m’y rends tous les vendredis matin pour y tenir une audience. J’y vois défiler des personnes placées en observation par Monsieur le procureur du Roi ou qui sont déjà sous protection judiciaire. Ces derniers temps, j’ai vu les conséquences dramatiques du covid : des infirmières aux soins intensifs qui ont pété un câble, des étudiants seuls des journées entières devant leur ordi… Devant ces situations dramatiques, le juge doit jouer un rôle de booster pour les protéger d’eux-mêmes et leur faire remonter la pente.

« Face au juge », 23 janvier, 19h50, RTL-TVI.

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