«Reboot»: que vaut cette série quasi-parodique sur le tournage du reboot d’une série?
Rivalités, insécurités, bassesses, coucheries : à la loupe, Hollywood n’est pas joli joli, et fait beaucoup moins rêver : la preuve avec ce nouveau délire du créateur de « Modern Family ». À défaut d’être toujours drôle, il sent bien le vécu !
On ne vous apprend rien : depuis de longs mois, la mode est aux « reboots » sur les petits écrans et dans le streaming, ce qui signifie qu’on fait revenir de vieilles séries en les dépoussiérant. « La fête à la maison »,
« Les Experts », « Dexter », « Le Prince de Bel-Air », « L’Ile Fantastique », « Sex and the City », « Queer As Folk », « Pretty Little Liars », « Gossip Girl » et, ce 19 septembre, « Code Quantum » : la liste des récents reboots est interminable, et ils ont clairement donné une idée à Steven Levitan, qui a régalé des millions de gens avec « Modern Family ».
Sourire en coin, l’homme a en effet créé « Reboot », une série à la limite de la parodie où on assiste, dans les studios Universal à Hollywood, à la mise sur pied du retour de la sitcom « Step Right Up », qui connut son heure de gloire au début des années 2000. L’idée est de faire revenir ses acteurs principaux, mais d’engager un scénariste en chef – showrunner – et des auteurs dans le vent. Pour le premier poste, c’est Hannah (incarnée par Rachel Bloom, révélée par « Crazy Ex-girlfriend) qui rafle la mise. Mais le ton que son équipe et elle s’escriment à pondre pour ce come-back se heurte souvent à Gordon (Paul Reiser), le producteur de la série originale, plus traditionnel, qui s’en va recruter une horde de vieux scénaristes pour abonder dans son sens. Cela nous vaut des scènes de réunions d’écriture qu’on sait calquées sur la réaliste, mais n’en sont pas moins surréalistes et pas piquées des hannetons.
Hannah veut donner un coup de modernité à « Step Right Up » – qu’on rapprochera de « Madame est servie » –, un produit du service de streaming Hulu, qui est justement celui qui propose « Reboot », et a lancé les trois premiers de ses huit épisodes ce mardi 20 septembre. Vous parlez d’une mise en abîme !
Parmi les comédiens rappelés – et convaincus par une paie appréciable –, il y a Reed, joué par Keegan-Michael Key, qui joue le mari de Bree (Judy Greer), et eut une liaison avec elle dans la vraie vie. Une bonne partie d’un épisode est consacrée à une scène de lit durant la répétition de laquelle, déjà, Reed, se paie une érection solide. Et c’est là qu’on découvre les progrès qui ont été faits en matière de cache-sexe, trucs et prothèses sur les plateaux. Cocasse ! On citera aussi Clay Barber, campé par Johnny Knoxville (qu’on ne présente plus), ancien comédien de stand up au passé sordide. Il fricote avec la mère de Zach (Calum Worthy), qui jouait son fils dans la mouture initiale de « Right Step Up ».
Faut-il le préciser ? Cette nouveauté nous emmène dans l’envers d’un décor qu’on sait peu reluisant, occupé par des gens à l’ego, l’ambition et à l’insécurité démesurées, qui se jalousent et/ou s’envoient en l’air dans une caravane d’acteur… Et puis, il y a ces acteurs tombés dans l’oubli, ou qui n’ont jamais perçu, et feraient tout pour prendre un peu de lumière. Enfin, il y a les conflits de génération, décrites avec précision par quelqu’un qui sait de quoi il parle. Avec ceci, Levitan s’amuse à placer une loupe grossissante sur des dessous pas très propres. Le résultat, super sarcastique évidemment, se moque du monde du divertissement et n’a qu’une prétention : le désacraliser aux yeux de tous ceux qui voient encore Hollywood avec des lunettes roses de Mickey.
Et si son humour rate parfois le coche car trop téléphoné, les situations en elles-mêmes valent le détour tellement elles sentent le vécu. À moins qu’elle soit jugée trop spécifiquement américaine, cette série est destinée, en Belgique, à Disney +.