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Réac’, misogyne, râleur? Michel Sardou répond

Le chanteur de 74 ans publie « Je ne suis pas mort... je dors ! » son autobiographie, dégommant au passage quelques idées reçues qui ont la vie dure… et ne sont pas toujours infondées ! Réac’, misogyne, râleur, Sardou ? Il parle de tout, sans détour.

PourCiné-Télé-Revue

En ces années où la pression des réseaux sociaux et de la bien-pensance cadenasse la parole, Michel Sardou ne passe plus pour un dinosaure, mais carrément pour un infréquentable. «  On n’a pas le droit de dire qu’on aime Michel Sardou  », déplorait l’année dernière Vianney. De fait. Râleur, réac’, misogyne, Sardou se coltine les anathèmes les plus fleuris. Et plutôt que de se flageller parce qu’il est un incompris, ce sale gamin de 74 piges aime en rajouter une couche. Quitte à effaroucher les âmes si sensibles de l’émission « Quotidien » quand il refuse, pour son interview promo, de se passer du gel sur les mains ! De toute façon, il « hait ce siècle », comme il l’écrit dans sa nouvelle autobiographie ! « Je ne suis pas mort… je dors ! » (XO Editions) est un livre à deux voix, où il fait mine avec humour de s’adresser à sa mère, la comédienne Jackie Sardou, comme dans le sketch sur la chanson « Comme d’habitude », où elle ne cessait de l’interrompre. On ne ment pas à sa maman, surtout quand elle n’est plus là. C’est plus facile pour déballer ses vérités et tordre le cou aux idées reçues.

Réac de droite ? Faux

La première lui colle à la peau depuis la sortie, juste après l’assassinat en janvier 1976 d’un enfant par le criminel Patrick Henry, de la chanson « Je suis pour ». Michel Sardou est un réac’ de droite. Non, répond-il, même s’il n’espère plus convaincre. « Je n’ai jamais été en faveur de la peine de mort. Depuis le temps qu’elle existait, je savais qu’elle n’avait jamais empêché le crime. Mon intention n’était pas un parti pris ; je jouais à un jeu de rôle où je prenais la place du père de ce petit Bertrand. Mais comme j’emploie toujours ‘’Je’’, on pensera – et c’est normal – que je m’exprimais en mon nom. Je me souviens d’une double-page, dans Libé, me représentant avec mes cheveux boucles en croix gammée… Quel rapport ? Je dois pourtant être honnète : si j’avais vraiment été le père de ce petit et si j’avais pu mettre la main sur le meurtrier, il n’aurait jamais eu un procès. » Il ajoute : « Pour Beaucoup, je resterai un chanteur de droite un chouïa réactionnaire, mais j’ai échappé à ‘’raciste’’, mon beau-frère, Jean-Marie Périer, que j’aime beaucoup, étant noir et ma petite-fille Lucie, juive. »

Réac’, Michel Sardou? Non. Juste un homme, un vrai! © Isopix
Réac’, Michel Sardou? Non. Juste un homme, un vrai! © Isopix

Misogyne ? Faux !

Après réac’, c’est de misogyne qu’il est le plus souvent traité. A cause d’un malentendu selon lui. « Femmes des années 80 » n’est pas une chanson sexiste, elle prédit, à ses yeux, leur évolution vers l’égalité. Il paie d’ailleurs sa dette à sa première épouse : « Tous les soirs elle allait danser avec quelques plumes autour des fesses dans des boîtes comme La Nouvelle Eve à Pigalle », pour les faire vivre, alors qu’il se rêvait artiste. Ils auront deux filles, Sandrine en 1970 et Cynthia en 1973, avant de divorcer. Il se remarie avec Babette, avec qui il a Romain et Davy en 1974 et 1978. Là aussi, le divorce est au bout du chemin. Michel assume sa « mauvaise conduite » : « Je n’ai pas été un mari modèle. » Aujourd’hui, il vit avec Anne-Marie Périer, qu’il connaît depuis 42 ans. « Sans elle, je serais un homme perdu. » Pas très macho, ça, comme remarque !

Le jour de son mariage avec Anne-Marie Périer, en 1999. © Isopix
Le jour de son mariage avec Anne-Marie Périer, en 1999. © Isopix

Râleur ? Vrai !

S’il n’est pas réac’, pas misogyne, ou si peu, Michel Sardou est le roi des râleurs. On croise plus souvent le Yéti que Sardou souriant. Impossible d’aller contre ! Michel Sardou a les mots durs. Ici, pour le chanteur Alain Barrière : « Un vrai faux-cul, un jaloux et un radin. Je n’ai jamais pu l’encadrer  ! » Parfois, il regrette. Quand ses mots sont allés trop loin, comme avec Johnny Hallyday : « Durant des années, nous avons vécu comme deux frères. Nous avons pratiquement tout partagé. Un jour, nous avons rompu et ne nous sommes plus parlé. Ce n’est pas de sa faute mais de la mienne. Ayant lu qu’il était devenu suisse et avait adopté deux petites filles, j’ai insisté sur la difficulté qu’il aurait à apprendre le ski à ses deux bébés viet-cong. » Mauvais gag : Johnny l’a pris pour « une insulte qu’il ne m’a jamais pardonnée. Je reconnais l’avoir mérité et je regrette que nous n’ayons jamais eu l’occasion d’en parler. »

Avec Johnny Hallyday, une longue amitié brisée par une blague idiote. © Isopix
Avec Johnny Hallyday, une longue amitié brisée par une blague idiote. © Isopix

Chanteur malgré lui ? Un peu vrai

Reste l’image du chanteur « malgré lui ». Là aussi, ce n’est pas tout à fait faux. En 2017, Michel Sardou annonçait arrêter : « Je suis incapable de donner une raison précise. Tout à coup, ça m’a paru évident. Je ne me dirigeais plus, je me suivais », écrit-il. Il s’est alors tourné pour de bon vers le théâtre, sa première passion. Que ça ne fasse pas oublier ses plus belles chansons…

«Je ne suis pas mort... je dors!», un livre où il sourit un peu! © XO Editions
«Je ne suis pas mort... je dors!», un livre où il sourit un peu! © XO Editions

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