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Pourquoi le nouveau film «Enola Holmes», sur Netflix, amène un vent de polémique

Hit assuré, le film met en scène la jeune Millie Bobby Brown (« Stranger Things ») dans le rôle de la petite sœur du plus célèbre des détectives. Et provoque la colère des ayants droit de sir Arthur Conan Doyle, le père de Sherlock.

PourCiné-Télé-Revue

Face à la concurrence, Netflix met les petits plats dans les grands. Après « Le Diable, tout le temps », sombre thriller avec Robert Pattinson et Tom Holland, deux actuelles coqueluches à Hollywood… voilà que le roi du streaming nous sert sur un plateau d’argent « Enola Holmes », avec Millie Bobby Brown et Henry Cavill, tous deux issus de séries super-populaires de la plateforme.

La première, 16 ans, n’est autre que la star de « Stranger Things », tandis que le second, également connu au cinéma sous les traits de Superman, incarne le héros de « The Witcher ». Et comme si cela ne suffisait pas, Helena Bonham Carter (Bellatrix Lestrange dans la saga « Harry Potter ») et Sam Claflin (Finnick Odair, des films « Hunger Games ») complètent la distribution.

Clairement, ce mercredi 23 : on vient de nous sortir l’artillerie lourde !

Enola… Holmes ?

Adapté du premier tome d’une série de six romans signés Nancy Springer, « Enola Holmes » introduit à l’écran la sœur cadette de Mycroft et Sherlock Holmes. Vous n’en avez jamais entendu parler ? C’est normal, puisqu’à la base… elle n’existe pas ! Aujourd’hui âgée de 72 ans, l’auteure américaine est reconnue comme spécialiste du détournement de personnages. En plus d’Enola, on lui doit aussi Rowan Hood, la fille de Robin des Bois.

« Enola Holmes » nous fait donc suivre la toute première et double enquête de l’adolescente, alors que sa mère a disparu du jour au lendemain, sans laisser de mot, et que ses deux célèbres grands frères débarquent dans sa vie.

L’autre particularité réside dans le fait qu’Enola est sa propre narratrice et que son interprète s’adresse bien souvent directement aux téléspectateurs, brisant ainsi le « quatrième mur » façon Kevin Spacey dans « House of cards », ou Phoebe Waller-Bridge dans la géniale sitcom « Fleabag » (disponible sur Amazon Prime Video).

Mais le « problème » n’est là. Si les héritiers d’Arthur Conan Doyle attaquent en justice Netflix et Nancy Springer, c’est pour violation de droits d’auteur et de marques déposées. Dans le rapport officiel de la plainte sont ainsi reprochées au film les émotions et l’empathie de Sherlock Holmes, caractéristiques du personnage développées par Doyle après 1923. Les livres dans lesquels ressortent ces traits, jusqu’alors peu exploités dans les œuvres ciné ou télé, ne sont donc pas encore tombés dans le domaine public.

Des incarnations les plus connues de Sherlock, il est vrai que celle de Cavill apparaît comme la moins antipathique, voire carrément la plus sentimentale. Toujours aussi brillant, le détective dévoile ici une facette méconnue de sa personnalité, plus posée.

On avoue avoir éprouvé quelques difficultés à oublier le résident de Baker Street personnifié par Benedict Cumberbatch (tout simplement le meilleur, n’en déplaise à Robert Downey Jr. et tous ceux qui s’y sont frottés). Le film ne raconte toutefois pas son histoire, mais bien celle d’Enola. Sherlock n’est dès lors qu’un personnage secondaire qui n’apparaît qu’à de rares reprises.

Alors, à voir ou pas ?

En définitive, « Enola Holmes » se révèle un film gentillet, distrayant et – sur le fond – profondément engagé dans la cause féministe. On y fait la connaissance d’une héroïne indépendante, à la fois forte et sensible, courageuse et maladroite. S’il s’adresse surtout à un public jeune (mais pas trop non plus), les adultes apprécieront également la séance, qui s’achève sur un beau message.

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