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Plus belle la vie: Michel Cordes raconte comment il a vécu la mort de son personnage, Roland Marci

Il était l’âme du Mistral. A quelques semaines de la fin un peu brutale du feuilleton historique, Michel Cordes revient sur ses 18 années dans la peau de ce personnage parfois trop aimé, sur son décès et sur l’« erreur de supprimer Plus belle... ».
Interview exclusive

Les fans de « Plus belle la vie » ne s’en sont pas encore remis. A la mort annoncée de leur feuilleton préféré s’est ajoutée la disparition de Roland Marci. Sans le patron du bar du Mistral, difficile d’imaginer encore cette place pleine de vie. Pour Michel Cordes, son interprète historique (18 ans) la boucle est définitevement bouclée. Son adieu était presque un clin d’oeil à ses débuts de patriarche du Mistral. L’acteur à l’accent chantant (mais occitan et pas marseillais, précise-t-il), avec lequel nous nous sommes longuement entretenu lors du Festival de la fiction tv de La Rochelle, se souvient en effet de cette première scène avec celui qui allait devenir son fils de fiction, Laurent Kérusoré. « Je ne connaissais pas du tout Laurent, et au maquillage tôt le matin, on me le présente en disant : ‘voilà il va jouer ton fils Thomas’. Ma première séquence avec lui a été du bouche-à-bouche. C’est comme ça que nos personnages se rencontrent : Roland avait un problème au coeur et il suffoquait. Thomas avait son brevet secouriste et le réanime. »Il y a quelques jours, c’est après une journée en famille et une partie de foot avec son arrière-petit-fils fait un arrêt cardiaque. Une scène que Michel Cordes tournait a tourné le 9 août dernier mais dont il est ressorti heureux, nous dit-il. « C’est une belle fin pour un acteur. Roland meurt paisiblement ».

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Et la fin de « Plus belle la vie », comment l’avez-vous accueillie ?

Je ne pensais pas que France Télévisions arrêterait la série. Peut-être qu'il fallait régénérer. Mais pas arrêter ! « Plus belle la vie » avait une place importante pour les Français.

Êtes-vous triste de cet arrêt ? C’est tout de même 18 années de votre vie d’acteur...

Non parce que je l’ai vécu sur la dernière partie de ma vie. Par contre, je trouve dommage toutes ces pertes d’emploi. Un feuilleton, c’est environ 200 personnes. France Télévisions devra assumer derrière. Je trouve qu’ils auraient pu trouver une autre solution. C’est une erreur de le supprimer. Mais à titre personnel, j’avais commencé à prendre des distances. De par mon âge, 77 ans, tout simplement, j’ai envie d’un peu de me reposer. Je n’ai jamais vraiment habité à Marseille et c’était beaucoup de déplacements, de nuits à l’hôtel... »

On vous voyait en effet de moins en moins dans la série, Roland faisait des allers-retours à l’écran dernièrement...

Honnêtement, j'ai demandé à être moins derrière mon bar parce que, parfois, ils m’y collaient et je devenais décor. Et là, je leur ai dit : « je ne suis pas d'accord, je ne suis pas figurant. Si vous me gardez pour faire décor derrière le bar, je m’en vais ! » Mon personnage doit vivre autre chose.

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Les auteurs ont parfois poussé le bouchon un peu loin avec des intrigues improbables?

Oui. Mais j’ai été auteur au théâtre et l’angoisse de la page blanche, je sais ce que c’est. Et pour « Plus belle la vie », c’est quand même une sacrée gageure de se dire que tous les jours on va fabriquer 25 minutes de nouvelles histoires ! Alors, je disais que parfois Roland était d’une naïveté désolante et, parfois, d’une perspicacité redoutable ! (sourire) Il navigait entre les deux. Les auteurs inventaient des histoires et puis ils faisaient rentrer les personnages dedans...et de temps en temps au chausse-pied ! (rires) Je crois que c’est difficile à éviter. D’ailleurs, la réplique qui m’a le plus fait rire que les dialoguistes ont eu le culot d’écrire c’est : « il ne se passe jamais rien ici ! »

La séparation du couple historique de la série, Roland et Mirta, ce n’était pas une erreur ?

Là, il y a eu un événement. Au début, le couple Roland/Mirta était assez central. Et dans notre société, un homme et une femme de 55/60 ans ne sont pas vieux, heureusement ! Ils ont une première fois, au début, séparé Roland et Mirta, et lui a eu quelques aventures. On m’a demandé mon avis et j’ai dit que « faire vivre à Roland des histoires d’amour en série, ce n’était pas très intéressant. Par contre, trouvez-lui une partenaire avec qu’il y a un amour profond mais où, point de vue caractères, il se passe quelque chose, et vous aurez des intrigues à vie ! » Et effectivement, c’est un peu ce qui s’est produit quand ils ont recollé Roland et Mirta. Et encore sur la fin, quand Roland demande un service de « bonne femme » à Mirta, ils s’engueulent un peu mais avec une tendresse profonde.

Des personnages vous ont manqué quand ils sont partis de la série ?

Oui, Laetitia Milot (Mélanie). Il y avait ce trio Thomas-Mélanie-Roland...

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Le rôle de Roland et l’énorme notoriété qui va avec ont été pesantes pour vous ?

Oui, il y a eu des années lourdes où je me baladais autant que possible avec lunettes noires et casquette. La vie sociale était difficile, il y avait souvent des choses que je ne faisais pas. Avec mon ex-femme on avait une convention : au bout d’un moment, quand on faisait les courses, si j’étais trop sollicité, je disparaissais et j’attendais dans la voiture. C’était à l’époque où on faisait 5 à 6 millions de téléspectateurs tous les soirs.

On vous appelait Roland ou Michel ?

Roland, mais on s’y habitue. Ca ne me gênait pas spécialement, car l’adhésion au feuilleton est affective. On fait partie de la famille, il y a cette proximité. Je disais à ma compagne : « Tous ces gens sont gentils, mais parfois 6 millions de gens gentils sur le dos, ça fait lourd ! » (rires)

Et maintenant, qu’allez-vous faire? Vous êtes auteur et metteur en scène de théâtre, vous comptez y retourner ?

Je profite d’être chez moi avec ma nouvelle compagne, on va se balader. Je vais reprendre la sculpture sur bois aussi. La sculpture est pour moi aussi importante que le spectacle, que ce soit le théâtre ou la télévision. Je rentre dans mon atelier, on me fout la paix, je fais ce que j’ai envie de faire. Et ça plaît ou pas, peu importe. Je n’en attends économiquement absolument rien en plus ! (Michel, heureux, nous montre en photos, avant de nous quitter, quelques-uns de ses modèles, dont un buste de femmes et des masques de théâtre, NdlR).

Charlotte Vanbever

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