En ce momentNotre dossier ImmoNos sondagesJouez à Alphabeille Accueil L'actualité de 7Dimanche

Philippe Lambillon pense qu’on ne voyagera plus jamais comme on l’a fait : «Bourlinguer demain? Je suis pessimiste...»

Fêté en janvier pour les 30 ans de son émission, Philippe Lambillon, 68 ans, alias le Bourlingueur assure qu’il ne disparaît pas de l’antenne de la RTBF, mais il se met quand même en retrait. Samedi, sur La Une, juste avant le JT de 19h30, il emmène son personnage chez les Bushmen d’Afrique du Sud pour une séquence de 26 minutes où il ne sera pas du tout question de conseils comme d’habitude.

Philippe, pourquoi voulez-vous mettre la pédale douce, à cause de votre âge ?

C’était sans doute le moment d’un changement après l’anniversaire des 30 ans. Ici, je ne suis pas du tout sûr de pouvoir refaire un tournage bientôt. Alors plutôt que d’aller filmer en Ardenne ou au parc d’Aywaille, je me suis dit que ce serait bien de faire vivre le personnage un peu différemment dans des fictions de 26 minutes dont j’ai mis les images en boîte au fur et à mesure de mes voyages. Ce seront les gens, les autochtones qui seront mis en valeur.

Vous aviez prévu des tournages que vous avez dû annuler ?

Je devais aller au Cambodge et en Bolivie. Ce n’est plus interdit, mais dans quelles conditions, ça pourrait se passer ? S’il faut faire 3 ou 4 semaines en quarantaine à l’hôtel ou payer une caution de 5.000$, je ne peux pas ! J’ai trouvé que cette collection de 12 fictions de 26 minutes dont le pilote passe ce samedi, c’est une bonne transition.

La RTBF ne vous a plus sous contrat ?

Jusqu’à la fin de l’année, si. J’ai un statut particulier, je suis indépendant depuis toujours. et ça me convenait bien. Pendant 37 ans, j’ai eu une confiance absolue, je n’ai jamais dû rendre de comptes et jamais subi de pression. Et on me verra encore sur La Trois au moins jusqu’en 2022, l’année de mes 70 ans, avec les Docs du Bourlingueur… J’ai du stock. Je ne fais pas encore tout à fait mes adieux…

Le personnage du Bourlingueur va-t-il mourir à l’antenne ?

Le jour où je meurs, moi ! J’ai déjà tourné cinq fois au moins la mort du Bourlingueur. Il y en a d’ailleurs une qui est passée à l’antenne il y a déjà un petit temps. Je m’étais toujours dit au cas où… Peut-être ce serait bien de passer une de ces séquences pour ma nécro au JT !

Quelle a été votre plus belle mort, alors ?

Au Ghana, parmi les chercheurs d’or, j’expliquais que j’avais trouvé un filon. Là-bas, tu peux te commander un cercueil en forme de paquet de cigarettes ou de bouteille de bière. Je m’en suis payé un en forme de Concorde, avec hublots et minibar. Pour le tournage à l’intérieur, il y faisait 60º au moins. La police a interrompu la cérémonie, a fait ouvrir le cercueil… Je me souviendrai toute ma vie de la tête du flic qui m’a découvert bien vivant. J’ai été embarqué et j’ai dû raquer cette fois-là. Sinon, je suis mort dévoré par des crocos au Togo, mordu par des tarentules en Argentine et après m’être sectionné bras et jambes à la Monty Python au Brésil…

La question est volontairement provocatrice, mais la RTBF n’est-elle pas en train de vous remplacer subrepticement par François Mazure ?

Honnêtement, ce n’est ni une reprise ni une relève. J’ai lu ce nom bien sûr. C’est quelqu’un que j’ai croisé, mais je ne l’ai jamais vraiment rencontré. Le créneau est vacant, s’il le reprend, je lui souhaite bonne chance, à lui de faire son trou et de gagner la confiance.

Qu’allez-vous faire de votre temps libre ?

Je travaille sur les carnets en version 26 minutes. Un bouquin sortira un jour, pas tout de suite. Je continue la BD du Bourlingueur dont un 4e tome sera édité à la Renaissance. C’est difficile de mettre un terme au personnage, je suis un peu comme Tintin ! Mais je vous rassure je ne me promène pas en rue ici avec mon chapeau et ma panoplie, je n’en suis pas là. Mais je veux faire vivre le personnage autrement… J’ai aussi le projet d’un documentaire sur les centenaires à travers le monde. J’ai commencé à en rencontrer il y a 30 ou 40 ans ! Ça m’a toujours épaté que dans la Cordillère des Andes, dans un village, il y a 15 ou 20 centenaires, alors que dans le pays, les gens ne vivent pas tellement au-delà de 80 ans.

C’est votre âge qui vous amène à traiter un tel sujet ?

Peut-être pour moi-même rester à l’écran jusqu’à 100 ans ? (il rit) Je me suis toujours bien entretenu, oui mais je ne veux pas être le Drucker de l’aventure ! Cela dit, je le comprends, ce n’est pas facile de décrocher. Je ne me compare pas à ce monument, mais lui comme moi, on n’a plus besoin financièrement de travailler. Disons que je veux pouvoir décider de la façon dont je pars !

Quand pourra-t-on selon vous bourlinguer à nouveau ?

Je suis assez pessimiste. La période va être très compliquée. Je pense que les gens vont se refermer sur eux-mêmes. Et le manque de liberté va avoir beaucoup d’impact.

C’est-à-dire ?

La liberté, ce n’est pas nécessairement pouvoir aller loin, mais par exemple de ne pas devoir demander une autorisation chaque fois que tu sors de chez toi ! Je pense que le monde d’hier est fini pour des années et ça va être vraiment très dur pour ceux qui aiment les voyages, on ne va plus repartir comme avant, les possibilités vont rétrécir. Nous les Belges, on va traîner une mauvaise réputation, on est dans le Top 5 des pays les plus touchés par le Covid, on va nous attendre au tournant, ça va rester dans les mémoires, ça. Comme Dutroux… On sera placé sur une liste rouge pendant beaucoup de temps.

Avez-vous vous-même eu de gros problèmes de santé en voyage ?

J’ai quand même chopé deux malarias dont une récurrente pendant des années. Voyager était de toute façon dangereux avant. Dans un Bruxelles-Rome, vous pouviez attraper cette maladie ! À cause d’un moustique qui peut survivre des semaines dans l’avion. Oui, le monde est vraiment devenu un village.

Notre sélection vidéo

Aussi en L'actualité de 7Dimanche

Voir plus d'articles