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«Philadelphia»: pourquoi Tom Hanks ne referait pas ce film?

Le comédien estime que de nos jours, son personnage d’avocat atteint du sida devrait être joué par un acteur homosexuel.

PourCiné-Télé-Revue

Sorti en 1993, « Philadelphia » était le premier grand film hollywoodien à traiter ouvertement du sida, à une époque où il n’existait pas encore de traitement et que les morts se comptaient pas centaines de milliers chaque année, notamment dans la communauté homosexuelle. Pour la première fois, la Mecque du cinéma abordait frontalement ce fléau qui faisait des ravages, tout en dénonçant l’homophobie. Le tout sous la caméra experte et sensible de Jonathan Demme… qui avait pourtant lui-même été taxé d’homophobie par la communauté LGBT deux ans plus tôt pour avoir réalisé « Le silence des agneaux », dont le tueur en série Buffalo Bill était perçu comme un trans qui dépeçait des femmes pour se faire un manteau avec leur peau et espérer en devenir une !

Le cinéaste s’était par la suite défendu de toute homophobie. « J’ai trouvé ces attaques infondées. Buffalo Bill n’était pas un personnage gay. C’était un homme tourmenté qui se détestait et voulait être une femme parce que ça lui permettait d’être le plus loin possible de lui-même, de ce qu’il était. Ce n’est pas un travesti ou un transsexuel. Il essaie de se métamorphoser en changeant de costume. »

Mais revenons à nos agneaux, pardon, nos moutons, en l’occurrence « Philadelphia ». Jonathan Demme reconnaît que la polémique sur « Le silence des agneaux » lui avait fait prendre conscience d’une chose : « J’ai réalisé qu’il manquait terriblement de personnages homosexuels positifs au cinéma. » Et donc de tourner dans la foulée « Philadelphia ». Le film vaudra à son interprète principal, Tom Hanks, l’Oscar du meilleur acteur, amplement mérité. Pourtant, près de 30ans plus tard, le comédien a confessé que si on lui avait proposé le film aujourd’hui, il l’aurait refusé. « Est-ce qu’un homme hétéro pourrait refaire aujourd’hui ce que j’ai fait dans « Philadelphia » ? Non, et à juste titre. Tout l’intérêt de « Philadelphia » était de dire « n’ayez pas peur ». L’une des raisons pour lesquelles les gens n’avaient pas peur de ce film, c’est que c’est moi qui jouais un homosexuel. Mais nous sommes au-delà de ça maintenant, et je ne pense pas que les gens accepteraient l’inauthenticité d’un hétéro jouant un gay. Aujourd’hui, ce n’est pas un crime si quelqu’un disait qu’il faut plus d’authenticité et d’exigences dans un film de cette nature. »

Trois décennies après sa réalisation, le long métrage, même s’il demeure superbe, paraît d’ailleurs bien timoré sur de nombreux plans, les deux protagonistes (Tom Hanks et Antonio Banderas) ne s’embrassant jamais à l’écran, pour ne choquer personne. Heureusement, en 30ans, les choses ont bien changé et un tel baiser serait maintenant anodin, à l’heure où même les Disney (« Buzz l’Eclair ») montrent un baiser échangé entre deux personnes du même sexe.

« Philadelphia », 2 décembre, 21h, France 5.

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