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«Phantom Thread»: le dernier rôle de Daniel Day-Lewis

Le film diffusé ce soir sur Arte est le dernier tourné par le comédien aux trois Oscars, fidèle depuis à son choix de se retirer du cinéma.

PourCiné-Télé-Revue

Alors que Jean-Jacques Goldman, qui vient de fêter ses 70 ans, a une nouvelle fois douché les espoirs des fans qui espéraient encore le revoir monter sur scène, il est un autre artiste dont la décision de mettre fin à sa carrière semble définitive, c’est Daniel Day-Lewis, 64 ans. Le rôle de Reynolds Woodcock dans « Phantom Thread », sorti en 2017, paraît bien devoir être le dernier que l’acteur aux trois Oscars en vingt films aura endossé. Ce comédien qui n’avait jamais été extrêmement prolifique a tiré un trait sur le métier.

Il faut dire qu’il s’imprégnait tellement de ses rôles que chaque film a été pour lui une souffrance. On repense notamment à « My left foot », qui lui valut son premier Oscar. Pour mieux ressentir le vécu du paralytique qu’il incarnait, il passa des semaines prostré sur sa chaise roulante, nourri à la petite cuillère. Il apprendra aussi à utiliser son pied gauche avec la même dextérité que Chris Brown, le peintre bien réel dont le film racontait la vie. Et tous ceux qui ont essayé un jour de sortir un album de sa pochette pour le placer sur le tourne-disque et le mettre en route juste avec leur pied gauche le reconnaîtront, il faut vraiment aimer souffrir pour y parvenir. Daniel avait aussi appris le tchèque pour son rôle dans « L’insoutenable légèreté de l’être »… tourné en anglais. On comprend qu’il ait souvent espacé les tournages.

A priori, « Phantom Thread », de Paul Thomas Anderson, dans lequel il joue un grand couturier, n’était pas le rôle le plus difficile à jouer pour lui. L’acteur a d’ailleurs avoué qu’il ne pensait pas du tout au départ que ce film serait le dernier. « Avec Paul, nous rigolions beaucoup avant le tournage. Puis, tout à coup, on a cessé de rire, envahis par un profond sentiment de tristesse. Cela nous a pris par surprise : nous n’avions pas compris ce qu’on avait créé. C’était dur de vivre avec. Ça l’est toujours », expliquera le comédien, ne comprenant pas lui-même ce qui lui était arrivé. La responsabilité du métier d’artiste lui a semblé soudain trop lourde à porter, et arrêter est devenu à ses yeux « une obligation ».

Ce qui est surprenant également, c’est qu’en 2017, Rebecca Miller, sa femme, effectua, elle, un bref retour devant les caméras, dans « The Meyerowitz Stories », de Noah Baumbach, elle qui s’était retirée des plateaux après sa rencontre avec l’acteur, épousé en 1996. Un retour éphémère et amical, comme un adieu, avant de rejoindre sa moitié dans sa retraite.

Si Daniel Day-Lewis fut un acteur compliqué, l’homme n’est pas vraiment le plus simple à vivre non plus. On ne sait pas ce qu’il s’est passé entre eux, mais pour qu’Isabelle Adjani, sa compagne entre 1990 et 1995, le quitte alors qu’elle était enceinte de leur fils, Gabriel-Kane, ça ne devait pas rigoler tous les jours. « Tout est pacifié », a-t-elle un jour déclaré à propos de leur histoire, « mais je suis convaincue que les grandes passions ne se transforment jamais en grandes amitiés. J’ai beaucoup de respect et d’admiration pour sa carrière et pour la vie qu’il a offerte à sa nouvelle compagne et à ses enfants, mais il serait intrusif et incongru de le revoir aujourd’hui. » Dont acte.

« Phantom Thread », 17 octobre, 20h55, Arte.

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