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Pas si bécasse que ça cette Bécassine!

L’adaptation au cinéma de la célèbre héroïne de BD a suscité l’ire… des indépendantistes bretons, qui n’ont jamais apprécié l’image que renvoie le personnage.

PourCiné-Télé-Revue

S’il est bien un genre casse-gueule dans le cinéma français, c’est l’adaptation de bandes dessinées. Les fiascos de «Benoît Brisefer» ou des «Aventures de Spirou et Fantasio» sont là pour nous le rappeler. Autant dire qu’il y avait de quoi avoir des appréhensions pour cette transposition de «Bécassine», une BD datant du début du XXesiècle. Finalement, malgré certaines maladresses et quelques longueurs, l’ensemble est plutôt réussi. En racontant les déboires de notre jeune fermière, Bruno Podalydès signe un film plein de candeur et de naïveté assumée, avec une héroïne certes crédule mais aussi pleine de bon sens. Il réussit ainsi à rendre sa grande bécasse non seulement drôle mais avant tout attachante.

Protection policière

Tout cela n’a pas empêché le long métrage d’être pris pour cible… par les indépendantistes bretons, qui ont appelé à son boycott! Pour comprendre la polémique, il faut remonter aux origines du personnage. Bécassine est née en 1905 sous la plume de Jacqueline Rivière et le crayon de Joseph Pinchon. Une naissance un peu par accident, puisque c’est pour combler une page vide dans le premier numéro de l’hebdomadaire pour jeunes filles «La Semaine de Suzette» que la BD voit le jour. L’histoire relate une bévue réellement commise par la servante bretonne de Jacqueline Rivière. Le nom de Bécassine provient d’ailleurs directement de cette maladresse, notre héroïne étant une bécasse. Mais cette image de nounou provinciale un peu sotte au service de riches bourgeois agace les Bretons. Certains vont même jusqu’à affirmer que si dans les dessins sa bouche n’apparaît pas, c’est pour l’empêcher de protester en breton!

Autant dire qu’à l’annonce du film en 2018, qui retrace comment Bécassine, campagnarde naïve, va immigrer à Paris pour devenir la nourrice de la fille adoptive de la Marquise de Grand-Air, certains Bretons sont montés au créneau pour s’insurger. En particulier le collectif indépendantiste breton Dispac’h, qui a estimé que « l’immigration bretonne n’avait rien de la naïveté joyeuse qu’expose le film. En plus du mensonge historique, ce film est une insulte à la mémoire de notre peuple, une insulte à toutes les femmes de Bretagne et à toutes les femmes qui connaissent ou ont connu l’immigration. » Le tout accompagné de menaces plus ou moins précises, si bien que c’est sous escorte policière que le film est présenté en avant-première en Bretagne! Le réalisateur Bruno Podalydès s’est, lui, défendu d’avoir voulu ridiculiser les nounous bretonnes. « On n’est pas du tout dans l’idée d’une Bécassine humiliée. » Et c’est vrai qu’en regardant le film, ce sont davantage les riches qui sont ridiculisés. Et le cinéaste d’ajouter: « Ma Bécassine n’est ni bête ni bretonne. Il n’y a pas de référence à la Bretagne. Et le costume est picard. » De quoi couper court aux polémiques.

« Bécassine ! », 19 juillet 2021, 20h25, la Une.

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