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«Mytho»: que vaut la saison 2?

La saison 1 avait été saluée par un prix au Festival Série Manias et avait valu à Marina Hands celui de l’interprétation féminine. La suite de « Mytho », plus chorale, réussit encore ce savant dosage entre rocambolesque, drôlerie, noirceur et grandes vérités.

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La série signée Anne Berest (romancière qui publie en cette rentrée le très beau « La carte postale) et Fabrice Gobert (à qui l’on doit « Les revenants ») avait tellement rencontré son public que « Mytho » s’est retrouvé dans le catalogue Netflix. Il faut dire qu’on s’était toutes un peu reconnues dans le personnage central d’une mère de famille à la charge mentale XXL et qui dévisse. S’inventant un cancer pour ne plus être transparente aux yeux de son mari et de ses enfants auxquels elle sacrifie sa vie, Elvira va s’engluer dans ses carabistouilles, entraînant toute la famille. La force de cette fiction est de nous éclabousser de vérités sur la cellule familiale par le biais des mensonges. « La famille, c’est le premier endroit du mensonge : on commence à mentir à ses parents à l’adolescence, et en grandissant on comprend que nos parents nous ont menti. Devenir adulte, c’est aussi ça ! Ce qu’on questionne à travers la série, c’est à quel endroit le mensonge est vertueux, et à quel endroit il devient un poison », éclaire sa créatrice Anne Berest.

Ce tour de force est porté par Marina Hands, magistrale de pureté dans ce rôle d’une épouse-mère-employée qui essaie de remettre l’amour et l’empathie au centre de sa vie. Interrogée sur la thématique centrale de cette fiction, l’actrice va encore plus loin dans le décryptage. « Mytho démontre que notre société baigne dans le mensonge. Regardez la façon dont nous trichons sur notre image, la manière dont nous nous représentons sur les réseaux sociaux ! Elvira souffre d’un déficit d’identité. Toute sa vie, elle s’est efforcée de rentrer dans des cases. Mais elle se sent frustrée. Elle est alors attirée par un autre rôle : celle de la victime. Ce qui est beau dans la série, c’est que cette fragilité touche la famille entière : son mari, ses enfants, tous sont en crise à leur manière. Ils ont peur d’être exclus du système social. Cette vulnérabilité quant à notre identité et notre image est quelque chose d’universel », explique-t-elle.

« La famille, c’est le premier endroit du mensonge »

De fait, c’est toute la clique, cabossée et en quête de vérités, qui est attachante : un père velléitaire (excellent Mathieu Demy), un fils qui se reconnaît plus fille (Jérémy Gillet) magnétique), une aînée rentre-dedans et une cadette toute mimi. Et c’est cet axe que développe cette saison 2, beaucoup plus chorale donc et avec la magie de Noël pour décor. Elvira ayant quitté le foyer mais s’évertuant à vouloir y retrouver sa place, tous se dépatouillent comme ils peuvent. « Comment réussir à « faire famille » quand celle-ci a éclaté ? Ce fut notre fil conducteur. Après avoir regardé à la loupe la mécanique de la mère, nous voulions faire de même avec le groupe », commente Anne Berest.

A la croisée des genres, entre mélodrame et comédie, avec des échos dans l’esthétique au cinéma américain, et toujours tambour battant, cette saison 2 voit sur le chemin de la rédemption d’Elvira débouler des personnages extravagants, énigmatiques, pervers, et un grand secret qui débouche sur un final détonant.

Bref, ça fourmille de non-dits, ça explore la problématique de l’équilibre du couple quand on est parents ainsi que celle des dérives sectaires, c’est ponctué de rocambolesque et d’émotions, qui font passer du rire au cœur serré. Portée par un casting magistral, cette nouvelle salve d’épisodes est encore plus addictive tant elle se faufile dans les méandres de la complexité de l’humain et qu’elle fourmille de rebondissements. Les Lambert, on n’a tellement pas envie de les quitter qu’à la fin des épisodes, on rempilerait bien pour une autre saison.

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