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Mia Farrow contre Woody Allen: le nouveau documentaire qui accable, à suivre sur Be TV

Il y a bientôt trente ans, Woody Allen aurait violé sa fille adoptive Dylan. Dans un documentaire à sens unique et perturbant, à voir sur Be TV, elle charge le cinéaste comme jamais avec sa mère, Mia Farrow.

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Crédit pour toutes les photos : © Be TV sauf celle de Woody : © Isopix

Le 4 août 1992, Woody Allen a-t-il sexuellement abusé de Dylan, la fillette qu’il avait adoptée avec Mia Farrow sept ans auparavant ? Le réalisateur de « Manhattan » et « Annie Hall » n’a jamais été condamné pour ces prétendus faits, et rien ne devrait changer.

N’empêche : à 85 ans, il est à nouveau très esquinté par le documentaire «  Allen contre Farrow  », dont le premier des quatre volets sera proposé ce jeudi 6 mai par Be TV. On vous prévient tout de suite : il ne donne qu’un son de cloche, celui du clan Farrow, ce que la critique américaine a logiquement déploré. Mais ses réalisateurs, Kirby Dick et Amy Ziering, ont eu accès à une tonne d’éléments censés le rendre le plus objectif possible : vidéos familiales, rapports de police, témoignages audio, conversations téléphoniques, documents d’avocats.

« Je n’ai pas publiquement parlé de lui pendant des décennies, et c’est le grand regret de ma vie  », explique d’abord Mia Farrow. «  Je comprends que les gens ne croient pas ça de Woody Allen. Moi-même je ne pouvais pas le croire.  » Quant à Dylan, elle confie : «  À cause d’un homme, j’ai passé des années à ne pas dormir et à faire des crises de panique. Parler, aujourd’hui, me permet de l’affronter enfin, et je me sens forte de le faire. »

Dans le documentaire, on peut voir des images très personnelles de Mia et sa fille, Dylan.
Dans le documentaire, on peut voir des images très personnelles de Mia et sa fille, Dylan. - Be TV

« Ne bouge pas, je dois faire cela… »

À Mia, un thérapeute rapporta qu’à 5 ans, Dylan semblait avoir un secret et tentait d’éviter son père adoptif quand il venait chez elle dans le Connecticut. Puis il y eut l’appel que l’actrice reçut de la psychanalyste Ethel Person, qui lui confia avoir surpris Allen et Dylan ensemble et senti quelque chose d’anormal. Tina, la sœur de Mia, se souvient pour sa part avoir vu Woody enduire de crème solaire le corps nu de Dylan, et s’attarder entre ses fesses. Et elle assista à l’un de ces sucements de pouce déjà décrits par Dylan. Sophie Berge, qui était la tutrice française des enfants, relate, quant à elle, qu’Allen et Dylan furent introuvables « pendant vingt bonnes minutes  » l’après-midi du 4 août. Quand Mia rentra, elle remarqua que sa fille n’avait pas de culotte. « Ça m’a semblé bizarre, mais ça arrive. » Le lendemain, son amie Casey Pascal appela pour lui dire que sa baby-sitter avait vu Woody enfouir sa tête entre les cuisses de Dylan. « Elle était horrifiée. »

C’est à ce moment-là que Mia Farrow décida d’interroger sa fille et la filma pendant deux jours. La justice eut accès à la totalité de ces images, dont une partie est montrée dans le documentaire. « On est allés dans ta chambre, puis dans le grenier. Il a commencé à me dire de drôles de choses, s’est mis derrière moi et a touché mes parties intimes (…) Et il m’a serrée si fort que je ne pouvais plus respirer (…) Il m’a dit : « Ne bouge pas, je dois faire cela ». » Trente ans plus tard, elle livre la même version des faits. «  J’étais couchée sur le ventre, je ne voyais pas ce qui se passait. Je me sentais piégée. Il a dit : « Je vais t’emmener à Paris, et tu vas être dans tous mes films. » Puis il m’a violée. Je fixais du regard le petit train de mon frère. D’un coup, il s’est arrêté. Il avait fini, et il est descendu. »

Allen a toujours clamé que son ex-femme avait dicté à Dylan ce qu’elle confesse dans ces vidéos, qu’il a taxées de « vicieuses et juste destinées à faire de l’argent ». Ce qu’il ne dit pas, c’est que huit mois auparavant, Mia avait découvert chez lui des polaroïds où Soon-Yi – qu’elle avait adoptée avec son ex-mari André Previn –, dénudée, prenait des poses lascives. « J’ai eu du mal à respirer », se souvient-elle. Preuves d’une liaison entre la jeune femme et son cinéaste de beau-père, ces clichés entraînèrent la séparation du couple (ils n’étaient pas mariés) et la perte pour Allen de la garde de leurs enfants. Le réalisateur convola avec Soon-Yi en décembre 1997 et adopta deux fillettes avec elles. Ils sont toujours ensemble à l’heure qu’il est.

Protégé par Hollywood

Le documentaire aborde aussi le rôle essentiel, dans ces affaires, de Ronan Farrow, fils naturel de Mia et Woody, dont la rumeur prétend que son vrai père serait Frank Sinatra, l’ex-mari de Mia Farrow. Aujourd’hui journaliste réputé, il est né deux ans après l’arrivée de Dylan dans la famille, et l’a longtemps dissuadée de faire des allégations publiques. «  J’avais passé des années à bâtir ma carrière et ma réputation, je ne voulais pas être mêlé à cela. » Un jour, il décida pourtant de faire des recherches et constata que la justice n’avait pas du tout assuré pour Dylan, dont il est devenu le plus important soutien.

Début 2014, après que Woody Allen fut honoré aux Golden Globes, la jeune femme écrivit une lettre ouverte dans le New York Times, où elle déballa tout. Et le lendemain des Golden Globes, Ronan posta sur Twitter : « J’ai raté cet hommage. Est-ce qu’ils y ont inclus la partie où une femme a confirmé qu’il avait abusé d’elle quand elle avait 7 ans ? » Un message partagé par plusieurs dizaines de milliers de personnes.

Deux ans plus tard, il accusa Leslee Dart, agente de son père, de chantage et de manipulation. Selon Ronan, elle aurait fait pression sur des journalistes pour qu’ils mettent en avant le rapport de l’hôpital Yale/New Haven, qui avait rejeté les plaintes de Dylan en 1993. « Cette femme, c’est le genre à dire : « Vous avez intérêt à publier cela, ou vous ne pourrez plus obtenir d’interview de mes clients célèbres (Meryl Streep, Nicole Kidman ou Tom Hanks) ». » En octobre 2017, Ronan Farrow initia le mouvement #metoo en publiant un article incendiaire sur les agissements sexuels de Harvey Weinstein, qui lui valut le Prix Pulitzer.

« Allen contre Farrow » suscite de nouvelles questions et (r)éveille les doutes et soupçons à l’encontre d’un Woody Allen potentiellement déviant, mais qui, on le rappelle, n’a jamais été inquiété.

« ALLEN V. FARROW », jeudi 6 mai, 20h30, BE 1

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