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Marie Gillain récompensée pour un rôle où elle aime «à la folie»

Marie Gillain est une comédienne « sublime » dixit le jury du festival de la fiction télé de La Rochelle. Dans « A la folie » (de M6), qui sera diffusé chez nous sur RTL-TVi au début de l´année prochaine, elle est bouleversante dans la peau d´une quadra sous l´emprise psychologique de son compagnon, pervers narcissique. Nous avons rencontré la comédienne belge à quelques heures de la remise des récompenses…

Ce prix d´interprétation féminine attribué à Marie Gillain, c’était une évidence. Facile à écrire a posteriori, pourrait-on nous rétorquer. Mais a priori aussi, le discours aurait été celui-là, tant la prestation de l’actrice liégeoise est renversante dans ce téléfilm créé pour M6 – qu´on verra en Belgique sur RTL-TVI début 2022 – par les réalisateurs du non moins bouleversant film « Les chatouilles ».

Là, le couple de réalisateurs Andréa Bescond et Eric Métayer traitaient du drame d´une enfant (inspiré par le vécu d´Andréa elle-même) victime de violences séquelles. Aujourd’hui, « A la folie » met en lumière le calvaire d´une femme, mère célibataire (Marie Gillain), sous l´emprise psychologique de son compagnon pervers narcissique (excellent Alexis Michalik). Un sujet délicat, trop longtemps tu, une descente vers les abîmes de laquelle la victime n´arrive pas à s´extirper, mise en images avec justesse, sans pathos, pour vous prendre aux tripes.

Pour parvenir à ce résultat, il fallait, notamment, une comédienne du calibre de Marie Gillain. « Ce que je trouve intéressant », nous dit-elle, « c´est d´explorer. Si tout était tout blanc ou tout noir, ce serait ennuyeux, la vie est plus complexe que ça. On a tous été confrontés dans nos relations de couple à cette zone orange où il y a une part de bonheur, de toxicité, quand l´un prend l´ascendant sur l´autre. Et là, on passe cette zone orange, et on tombe dans un vrai travers névrotique où on se rend compte que ces pervers narcissiques sont de vrais prédateurs, qui cherchent leur proie. Ca m´a passionnée de savoir de quel profil psychologique cette femme faisait partie. Et voir aussi toutes ces petites choses qui sont des leviers. On m´avait une fois expliqué ça de la manière suivante…- je ne sais pas si pouvez écrire ça parce que ça peut paraître très con (rires) : ‘c´est comme si on met une grenouille dans une casserole d´eau bouillante d´un coup, elle va s´échapper. Tandis que si on met la grenouille dans de l´eau tiédasse et que petit à petit on fait bouillir la marmite, elle n´aura plus le réflexe de s´échapper’. Bon, cette métaphore est ce qu´elle est, mais je la trouve intéressante. »

On ne présente plus Marie Gillain qui, de « L´appât » à « Toutes nos envies », sait choisir ses rôles, forts. Celui-ci est très, très costaud. « Il fallait cette disponibilité émotionnelle absolue », continue-t-elle. « Et pourtant, c´est contradictoire, mais c´est un des tournages où je me suis sentie le plus sereine, totalement joyeuse, épanouie. Il y avait cette liberté de pouvoir lâcher les chevaux. Et aussi quelque chose d´assez questionnant pour moi : on a de plus en plus de séries et des personnages qui se déploient sur plusieurs épisodes avec des étapes psychologiques. Ici, dans ce téléfilm, elle vit des choses intenses dans un laps de temps très court. Je me suis demandé comment faire en sorte qu´on ait une empathie pour mon personnage, qu´on y croit et qu´on puisse se projeter aussi ».

Et si en quelques mots, à la question de « qu´est-ce qu´un pervers narcissique ? » il fallait apporter une réponse simple, une réplique de « A la folie » dresse une image limpide : celle de l´homme qui te dit que tu es grosse tout en te tendant un pain au chocolat…

Charlotte Vanbever

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