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« L’amour, c’est mieux que la vie » de Claude Lelouch : son 50e film en 50 ans, un grand cru

Depuis « Un homme et une femme » palme d’or à Cannes en 1966, tourné sur la plage de Deauville avec ses célèbres planches et cabines, Claude Lelouch et Deauville ne font qu’un.

Alors quoi de mieux que le Festival de Deauville comme théâtre de l’avant-première mondiale de son dernier film, « L’amour, c’est mieux que la vie », le cinquantième en cinquante ans de carrière, excusez du peu ?

Ce jeudi soir, sur la scène et avant la projection de son film, Claude Lelouch a d’abord rendu hommage à son ami Jean-Paul Belmondo : « Je suis très ému ce soir, évidemment parce qu’un 50e film ça n’est pas rien, mais je suis surtout ému parce que plus qu’un acteur, plus qu’un ami, plus qu’un frère, j’ai eu de la chance avec Jean-Paul Belmondo de faire trois films, explique-t-il visiblement ému. Le premier s’appelait Un homme qui me plaît. C’est un titre prémonitoire. Il a plus à la terre entière, il m’a plu à moi, il a plu à tous les comédiens qui ont travaillé avec lui. »

Et de poursuivre : « Ce soir ça me fait vachement plaisir de voir que les artistes laissent des traces très importantes, à quel point ils sont importants dans notre vie, et surtout un homme comme Jean-Paul Belmondo qui, pendant 50 ans, nous a fait rire, nous a fait pleurer et nous a donné la chair de poule. Et en même temps, il nous a tout le temps dit avec sa bonne humeur que tout était possible. »

Claude Lelouch se remémore ensuite le tournage « au bout du monde » de « Itinéraire d’un enfant gâté » : « Je me souviens que je lui avais expliqué que c'était un film qui montrait qu'il n'était pas un héros ni un salaud, qu'il était simplement un homme un peu moins dégueulasse que les autres et qu'il avait les qualités de ses défauts. Et Jean-Paul m'avait dit : C'est formidable, à condition qu'on les fasse marrer. C'est vrai que pour lui c'était important de dire les choses, mais à une seule condition : passer par le rire et l'émotion ».

Pour conclure cet hommage, Lelouch a invité la salle à se lever : « Il y a un truc qu’il adorait, c’est la standing ovation, alors on va lui faire une standing ovation », a-t-il conclu en criant : « Pour toi Jean-Paul, hip hip hip hourra ». Tous les festivaliers de l’auditorium Michel d’Ornano se sont alors levés pour applaudir l’acteur, pendant plus d’une minute. L’émotion était bien palpable sur scène comme dans la salle.

On allait finir par oublier de parler de « L’amour, c’est mieux que la vie » ! Un film dont Claude Lelouch se rappelle avoir parlé avec Jean-Paul Belmondo : « J'ai déjeuné avec lui il y a six mois, il m'a demandé ce que j'allais faire, je lui ai dit que j'allais faire « L'amour, c'est mieux que la vie ». Il m'a demandé de lui raconter. Je lui ai raconté le film. Il est la première personne au monde qui n'a pas vu le film mais qui a entendu le film. Ce soir, cette projection, elle est pour lui ».

Et le film, donc : c’est l’histoire d’un type, Gérard Darmon, qui vient d’apprendre qu’il n’en a plus pour longtemps à vivre et qui, avec beaucoup de philosophie, se demande ce qu’il pourrait bien faire de bien de ce qu’il lui reste à vivre. Deux de ses amis imaginent alors pour lui de lui faire rencontrer une escorte girls qui lui donnerait une dernière fois le sentiment d’être aimé par une belle femme. C’est finalement la gérante de l’agence d’escorte girls, Sandrine Bonnaire, qui se prête au jeu.

Sur scène, ce jeudi soir, Sandrine Bonnaire s’est prise une nouvelle fois au jeu en marchant vers Claude Lelouch tout en répétant plusieurs fois cette phrase : « L’amour, c’est mieux que la vie », avant d’ajouter, « paraît-il. Je crois que c’est vrai » pour enfin lâcher à son attention un délicieux « je t’aime » ! Après quoi, ils se sont enlacés.

Deux autres comédiens ont ensuite pris la parole. Gérard Darmon d’abord, a comparé la carrière de Claude Lelouch à du vin : « Claude, c’est un peu comme le vin. Il y a des crus très bons, il y a des crus où il y a eu un peu de gel et c’est un peu moins sucré que d’habitude ; et il y a des très grands crus, inclassables. Et là j’ai l’impression d’avoir fait un très grand cru de Claude », a-t-il conclut.

Elsa Zylberstein ensuite, a précisé que « ce film est absolument magnifique à mes yeux ». Avant de se souvenir de sa première rencontre avec Claude Lelouch : « C’est une histoire qui a commencé très petite, je rêvais de tourner avec lui quand j’ai commencé les cours de théâtre. À 17 ans, je me suis retrouvée dans ce bureau. Il m’avait dit mademoiselle il faut 10 ans pour faire une actrice, on se reverra certainement. Pour moi c’est un des plus grands metteurs en scène au monde, c’est un homme qui aime les acteurs encore plus que les autres, qui sait vous regarder et qui filme votre âme ».

« L’amour, c’est mieux que la vie » est, en fait, le premier volet d’une trilogie voulue par Claude Lelouch : « Enfin, ça dépendra de vous, le public, si vous venez nombreux voir mon film, je pourrai tourner les deux autres volets » !

« Ça fait 60 ans que j’observe le monde et le genre humain, résume-t-il avec à propos. Mes films sont simplement le résultat de mes observations. J’ai simplement filmé des hommes et des femmes que j’ai eu la chance de rencontrer, et tous mes personnages de mes films existent ».

Puis, en se tournant vers ses comédiens présents sur scène : « Je voudrais remercier tous ces acteurs qui sont là, parce qu’ils ont battu des records pour ce film, insiste-t-il, en les regardant sur scène. Vous avez été plus que des comédiens, vous êtes redevenus des êtres humains et c’est parce que vous êtes des êtres humains que je vous dis merci ».

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