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«Judy»: Judy Garland, une enfant-star sacrifiée

Renée Zellweger est émouvante à souhait dans ce biopic qui retrace les dernières semaines, pathétiques, de la vie de l’héroïne du « Magicien d’Oz ».

PourCiné-Télé-Revue

Hollywood n’a jamais été tendre avec ses enfants-stars. Bobby Driscoll, le premier enfant-star de Disney, fut lâché quand sa voix mua, et retrouvé mort à 31 ans dans un terrain vague, sur un tas de canettes de bière. Il y eut aussi Dana Plato et Gary Coleman, d’« Arnold et Willy », Brad Renfro, Natalie Wood, Patrick Dewaere en France… Ils ont été nombreux à payer cash leur gloire précoce, souvent mal ou pas du tout préparés à gérer leur célébrité, parfois même agressés, malmenés, abusés, avant d’être laissés seuls quand le succès se tarissait. Parmi ces destins brisés, celui de Judy Garland est certainement un des plus emblématiques.

Pour des générations entières, Judy Garland restera à jamais Dorothy, l’espiègle héroïne du « Magicien d’Oz », sorti en 1939, qui lui vaudra de décrocher un Oscar à seulement 17 ans, alors qu’elle comptait déjà quinze ans de carrière. Elle faisait rêver des millions de gamines, mais elle-même vivait l’enfer. Engagée par le tout-puissant studio Metro Goldwyn Mayer, elle fut pressée comme un citron : huit longs métrages tournés entre 1936 et 1939. L’année même où elle est engagée, à 13 ans, elle perd son père. La MGM n’en a cure. Pour compenser, elle cède à son goût pour les gourmandises et prend du poids. Elle est raillée par les équipes de tournage, restreinte à manger du bouillon. Elle devient vite accro aux coupe-faim et amphétamines fournis par sa mère…

C’est le début d’un engrenage infernal. En grandissant, l’alcool et la drogue vont envahir sa vie et compromettre la suite de sa carrière. Instable, dépressive, elle est souvent en retard sur les tournages, ou n’arrive pas du tout. Et une fois sur le plateau, peut se montrer tout à fait ingérable. Le chaotique tournage de « La jolie fermière », qu’elle entame après un séjour en clinique de trois mois, est la goutte de trop. Sa réalisation s’étend sur six mois, à cause de ses absences et de ses crises. En 1950, elle est jetée du studio. Elle a rapporté des millions de dollars en se ruinant la santé, mais ça ne compte pas. Elle qui n’a rien appris d’autre que jouer commet sa première tentative de suicide…

L’intrigue de « Judy », porté par une époustouflante Renée Zellweger, récompensée d’un Oscar pour sa prestation, débute à l’automne 1968. Judy Garland a 46 ans. Elle va bientôt épouser son cinquième mari, qui n’est autre que son dealer, alors qu’elle a déjà un pied dans la tombe. En quête d’un amour sincère, elle est devenue une dévoreuse d’hommes, mais ses choix la portent plus d’une fois vers des homos refoulés – elle découvrira son quatrième mari la trompant avec l’époux de sa fille Liza, eue avec Vincente Minnelli, lui-même homosexuel, comme le propre père de Judy… Son corps usé ne la supporte plus, elle souffre d’une hépatite, de troubles rénaux. Sa voix ne suit plus non plus et le trac la tétanise. Elle s’apprête pourtant à donner une série de concerts en Europe qui vont rester célèbres… tant ils seront désastreux. Un triste chant du cygne, quelques semaines avant sa mort par overdose, en juin 1969.

« Judy », 20 juin, 20h35, la Une.

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