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Josiane Balasko: «Je n’ai jamais été à la mode»

La comédienne est depuis ce 1er décembre à l’affiche de la comédie loufoque « La pièce rapportée ».

PourCiné-Télé-Revue

Les comédies françaises ont parfois un peu tendance à se ressembler, alors, quand en arrive une qui sort du lot, on a envie de la saluer, même si ici elle ne manque pas de défauts. Le réalisateur Antonin Peretjatko tente avec la comédie « La pièce rapportée », sortie ce 1er décembre, une incursion dans l’humour absurde, burlesque et visuel, avec des personnages loufoques portés par une douce folie.

Josiane Balasko en châtelaine et marâtre prend en grippe sa bru, une fausse ingénue jouée par Anaïs Demoustier. Cette dernière a beau baguenauder toute nue dans les rues Paris et s’enticher du détective privé payé pour la surveiller, elle tarde à donner un héritier à la reine mère. Il faut dire que le fiston, Paul Château-Têtard, précieux empoté (Philippe Katerine), n’est pas des plus actifs. Cette trame qui sert de prétexte à des saynètes dont, pour les meilleures, les influences sont plus à chercher du côté de Pierre Etaix ou parfois du côté de Jerry Lewis, pour l’engagement physique. Notamment quand Josiane Balasko, dont le personnage est cloué sur une chaise roulante, se transforme en espèce de Robocop pour rire en testant un exosquelette censé lui permettre de marcher à nouveau. Elle nous en parle, dans une interview ponctuée de nombreux rires !

Dans « La pièce rapportée », vous jouez la veuve d’industriel Adélaïde Château-Têtard, qui voit d’un mauvais œil l’arrivée de sa bru, une fausse ingénue (Anaïs Demoustier). On sent que vous avez pris beaucoup de plaisir.

C’est toujours très agréable de jouer des personnages extrêmes, que ce soit dans leur manière d’être, de s’habiller. Elle est à « mobilité réduite » depuis un accident de chasse, mais elle se rattrape en étant une teigne ! Avec ses gros sourcils, ses grosses lunettes, c’est presque un clown. Mais tout en restant crédible, attention !

L’équilibre est facile à trouver ?

Heureusement qu’il y avait le réalisateur, Antonin Peretjatko, pour mettre de l’ordre. Sur certaines scènes, j’avais quand même l’impression qu’on en faisait beaucoup, notamment quand elle s’équipe de cet exosquelette et marche comme Robocop. Il me répondait : « Ne t’inquiète pas ! »

Jouer en Robocop, on trouve vite ses marques ?

Attention que c’est un Robocop à petit budget, pas le plus maniable, il n’a pas été conçu à Hollywood ! Mais c’était très drôle, en tout cas ! Puis la chute dans l’escalier, ce n’est pas moi, il y a longtemps que je ne fais plus mes cascades moi-même ! (Rires.)

anais demoustier william legbhil
Anaïs Demoustier, fausse ingénue face au candide détective joué par William Lebghil. © Orange Studio

Le film s’ouvre sur une scène de chasse à courre… de gilets jaunes !

Quand vous ouvrez votre scénario et que vous découvrez ça comme première scène, l’avantage c’est que vous êtes tout de suite fixé ! Mais tout est dans le traitement, bien sûr. Dans un esprit « Hara-kiri », « Charlie Hebdo », c’est comique. Sinon, je ne cache pas ne pas être une adepte de la chasse, quelle qu’elle soit.

Philippe Katerine, qui joue votre fils, Anaïs Demoustier, Sergi Lopez, qui joue votre chauffeur, et vous, ce sont vraiment des acteurs d’univers très différents qui sont réunis.

C’est vrai, on a chacun des styles très différents, mais les duos marchaient chaque fois bien.

Le film fonctionne beaucoup sur les gags visuels, il est très léger, mais la description de cette aristocratie déconnectée du réel est succulente, et au fond plutôt juste. Faut-il y voir un message ?

Je me méfie des films à messages ! Quand j’ai un message à passer, j’utilise la Poste ! (Rires.) Mais effectivement, il y a un regard social sur ce milieu de grands bourgeois, plus que de nobles, qui ont fait leur fortune de façon douteuse durant la guerre, et qui sont des bons à rien. Ils ne foutent rien. Philipe Katerine, dans ce rôle de fils à maman président-directeur-général qui ne se déplace même pas pour aller au conseil d’administration de sa boîte, me fait un peu penser à Trump, je ne sais pas pourquoi ! (Rires) En un peu moins nocif quand même ! Plus on a d’argent, de luxe, plus on est coupé de la dure réalité des concitoyens, c’est comme ça. Et leurs enfants sont peut-être les plus déconnectés du réel, ils n’ont aucune idée de la valeur de l’argent.

Comme votre personnage, avez-vous un peu l’impression aujourd’hui d’être devenue « la reine mère » du cinéma français ?

C’est marrant que vous me demandiez ça parce que, sur le tournage, il y avait un machiniste qui m’appelait « la patronne » ! Ça me faisait bien rire. Ça ne me dérange pas, ça signifie surtout que j’ai survécu ! La chance qu’on a eue, au Splendid, mais c’est vrai pour moi aussi, c’est qu’on n’a jamais été à la mode. Du coup, on n’a jamais été démodés ! Un acteur à la mode, il se retrouve mis à toutes les sauces, au point qu’on finit par ne plus avoir envie de le voir. Mais c’est très dur de refuser les propositions, dans un métier où le travail n’est pas régulier, où on peut rester un long temps sans qu’on pense à vous. Ce qui est plaisant, c’est que de jeunes réalisateurs s’intéressent à moi.

Et vous, quand revenez-vous à la réalisation ?

Je n’y pense pas pour l’instant ! J’ai beaucoup de beaux projets comme actrice, au théâtre et au cinéma. Je n’ai pas vraiment de sujet qui me semble impératif à mettre en scène. Ça prend beaucoup de temps de réaliser. J’ai d’autres projets qui me font kiffer grave, comme disent les jeunes.

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