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Jean-François, animateur sur Radio Chevauchoir: «Ma radio locale a failli disparaître»

Radio Chevauchoir cessera-t-elle d’émettre un jour ? En février, l’administrateur Jean-François Bouchat avait fait part de son inquiétude aux équipes d’« Images à l’appui ». Ce lundi, il est de retour avec des nouvelles plus ou moins rassurantes. C’est notre témoin de la semaine.

PourCiné-Télé-Revue

« Le 6 mars 1982, à 17 h 45, naissait Radio Chevauchoir, une petite antenne familiale imaginée par Marcel Tasiaux, couvrant une large partie de la région namuroise. Neuf ans après sa création, je rejoignais son équipe d’animateurs, aux côtés de la fille de Marcel, Lysiane, qui est aujourd’hui la présidente de la station, mais aussi mon épouse. Cela fait donc trente ans que j’officie au micro de cette radio, qui émet chaque jour de 8 h à 22 h sur le 105.5 FM et sur Internet. Je suis également l’administrateur de son asbl. En parallèle, je travaille dans le domaine des parcs et jardins.

« Pour faire vivre cette institution, qui demande entre 1200 et 1500 € de frais par mois, nous basons l’essentiel de nos revenus sur les recettes engendrées lors de nos rassemblements d’auditeurs. Ces activités nous permettent de maintenir le lien avec le public. Nous avons aussi des cartes de soutien, et notre numéro de téléphone pour passer à l’antenne ou proposer une musique est payant. Par contre, nos rentrées publicitaires sont très rares et nous ne bénéficions d’aucun subside.

« Nos émissions en public se déroulent habituellement dans nos locaux situés rue du Chevauchoir, à Lesve (Profondeville) . Mais du jour au lendemain, fin 2020, le propriétaire nous a demandé de déménager. Ce fut le coup de massue. Où trouver un bâtiment aussi grand que le nôtre, pouvant accueillir une quarantaine de spectateurs ? Abandonner les retransmissions en présence d’auditeurs était tout simplement inenvisageable. Ces rendez-vous sont notre principale source de revenus, déjà bien affectée par le covid.

« Nous nous sommes donc retroussé les manches pour trouver une solution. Pourquoi ne pas commander un chalet de 90 m2, à placer sur pilotis ? Cette proposition a été soumise à la commune de Profondeville, mais le bourgmestre a clairement stipulé qu’une telle construction nécessitait l’octroi d’un permis d’urbanisme, dont la procédure pouvait prendre plusieurs mois. Nous avons donc accepté l’offre de la Ville, qui était de nous mettre un chapiteau à disposition. Tous les week-ends, depuis le mois de mai, nous y organisons des guinguettes, dans le respect des règles sanitaires. Chacun réserve sa place et généralement, les tables affichent complet. Seul problème : nous devons payer la location. Heureusement, nous pouvons compter sur le soutien et les dons de fidèles auditeurs…

« Il faut dire que Radio Chevauchoir joue un rôle social important dans la région. Notre communauté est principalement constituée de personnes âgées et isolées. Certaines n’ont pas de famille et trouvent un peu de réconfort à l’écoute de nos programmes. Par exemple, durant le premier confinement, nous avons fait la tournée des maisons de repos pour diffuser de la musique aux résidents. Cette proximité nous tient à cœur. Si la station venait à fermer, ce serait un drame pour beaucoup de gens… dont mon épouse et moi. À défaut d’être parents, nous considérons cette radio comme notre bébé. Ce serait également dommage pour les artistes régionaux dont nous faisons la promotion et qui sont souvent boudés par les grandes fréquences nationales.

« Alors, certes, Radio Chevauchoir a failli disparaître. Mais aujourd’hui, elle tient debout. Pour combien de temps ? Nul ne le sait. En toute honnêteté, ce fameux chapiteau n’est pas une solution durable. C’est pourquoi nous avons lancé des demandes de permis d’urbanisme. Mais au vu de l’extrême lenteur de la procédure, notre projet ne devrait pas se concrétiser avant le printemps 2022. Et nous aurons certainement quitté le chapiteau d’ici là. Nous risquons donc d’être bloqués pour nos événements en public. Nos programmes continuent toutefois d’être retransmis depuis un petit local.

« Avec le recul, mon seul regret dans cette affaire serait d’avoir demandé une autorisation communale pour notre chalet de 90 m2. C’est notre plus grande bêtise. Nous aurions dû commander cette structure comme si de rien n’était… et dans le pire des cas, introduire des recours. »

« Images à l’appui », 19h50, RTL-TVI.

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