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Jean Ferrat : une vie faite de drames, racontée dans un documentaire

Le documentaire que rediffuse France 3 revient sur les blessures que gardait en lui Jean Ferrat.

PourCiné-Télé-Revue

En mars 2010, Jean Ferrat s’éteignait à 79 ans. Le chanteur, avant cela, avait été victime d’une chute au cours de laquelle il s’était fracturé une partie du dos. Pour aggraver la situation, il contracte une maladie nosocomiale, à laquelle s’ajoutent des problèmes de respiration. Les hospitalisations s’enchaînent. L’artiste n’en peut plus de ces souffrances. Il exprime le souhait que tout s’arrête. « Alors, petit à petit, on a tout débranché », explique son épouse Colette. Ainsi s’éteignit l’un des plus grands chanteurs du XXe siècle, auteur de chefs-d’œuvre, tels que «Ma môme», «Nuit et brouillard», «C’est beau la vie», «La montagne», «Potemkine», et on en passe.

Un artiste engagé aussi, communiste dans l’âme, même si ses convictions seront plus d’une fois mises à mal par la réalité des régimes dans les pays de l’Est, l’incitant à prendre ses distances avec l’URSS. Mais derrière ses engagements et ses révoltes se cachait un parcours douloureux, qui explique bien des prises de position. « Le style particulier de Jean Ferrat – enchanteur et indigné – est le fruit de son enfance », explique Philippe Kohly, le réalisateur du documentaire que propose France 3. « Il est issu du tragique. A 11 ans, en 1941, le ciel sous lequel il vivait lui est tombé sur la tête: le garçon a découvert qu’il était juif. Il a vu son père disparaître pour être déporté et mourir à Auschwitz. Il ne s’en est jamais remis. Pour survivre, il s’est révolté, il a dénoncé l’injustice et en même temps, il a voulu restaurer le ciel fracassé de son enfance. Chanteur de la révolte et du merveilleux de vivre, Jean Ferrat, derrière son demi-sourire, a mené une longue résilience. »

Drames personnels

Son sourire et son imposante moustache ont masqué aussi deux autres grandes tragédies, l’une privée, l’autre idéologique. « L’homme a connu l’autodestruction de sa première femme, Christine Sèvres, qui mourut à 50 ans. Le militant enfin, celui de l’idéal communiste, a vu s’effondrer toutes ses espérances dans les années 80. Jean Ferrat avait l’utopie chevillée au corps. Il était le poète des lendemains qui chantent. Il portait l’espoir de ceux qui souffrent. C’est le sens de sa vie qui s’est brisé quand advint le règne de l’argent. »

Censure

Jean Ferrat a aussi dû faire face dans sa carrière à la censure d’Etat, encore très présente dans la France gaullienne des années 60. En 1964, le patron de l’ORTF déconseille la diffusion de sa chanson «Nuit et brouillard», qui évoque les déportations nazies et dont le texte est mal venu à l’heure de la réconciliation franco-allemande. Denise Glaser bravera cependant l’interdit en la programmant. En 1965, c’est «Potemkine» qui est à plusieurs reprises refusé d’antenne. Quant à la chanson «Ma France», il faudra attendre 1971 et qu’Yves Mourousi brise la censure pour en entendre un extrait à la télé. Une autre époque!

« Jean Ferrat », 21h05, France 3.

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