Accueil Ciné-Télé-Revue Ce soir à la télé

«#Investigation»: l’enquête alarmante de la RTBF sur nos soins de santé

Partant du constat de la pénurie grandissante d’infirmiers, Sophie Mergen signe une enquête alarmante sur nos soins de santé.

PourCiné-Télé-Revue

Il manquerait environ 20000 infirmiers en Belgique pour être dans un cadre stable. Voilà déjà le premier chiffre inquiétant que nous révèle la journaliste Sophie Mergen. Son enquête met en évidence des données de plus en plus terrifiantes sur la santé de nos hôpitaux, clairement proches de la phase terminale. «Dans tous les grands hôpitaux, à cause du manque de personnel, des lits sont fermés, parfois des unités sont condamnées», nous apprend-elle.

La journaliste s’est donc d’abord penchée sur les conséquences de ce constat sur les patients. Les infirmiers arrivent-ils à s’en occuper correctement? «D’après notre enquête, globalement, la réponse est non parce que la norme de sécurité internationale d’un infirmier pour huit patients est loin d’être respectée. On est plutôt à un infirmier pour onze à treize patients, la nuit, on est à un pour trente. Dans ces conditions, les infirmiers ne peuvent pas faire correctement leur travail. On a récolté beaucoup de témoignages dans ce sens, surtout anonymes par peur. Certains ont évoqué des cas de patients ayant subi des négligences graves, voire qui sont décédés par manque de personnel», complète-t-elle.

Business de la crise

Si la pandémie a été le catalyseur de ce problème structurel, la pénurie gangrène les soins de santé depuis longtemps. Il atteint aujourd’hui des sommets, d’après les directions. Et la situation va s’aggraver: «La moitié des infirmiers en poste sont à risque de burn-out ou envisagent de quitter la profession. D’après une étude, la durée de vie d’une infirmière est de 5 à 12 ans, selon les services.» Ce reportage en identifie aussi les causes: manque d’attractivité du métier, qui n’est pas valorisé socialement ni sur le plan salarial et qui est difficilement conciliable avec la vie familiale, conditions de travail difficiles…

Plus qu’un état des lieux effarant, ce numéro de «#Investigation» dénonce le business qui s’est développé autour de cette crise et des opportunités qu’elle a créées. «Des agences en Belgique surfent sur cette pénurie pour recruter des infirmières qui travaillent déjà dans les hôpitaux en leur offrant un CDI, des avantages en tous genres, la possibilité de choisir leurs horaires, et autant de mois dans tel service. Ces sociétés vendent les services de ces infirmières aux hôpitaux eux-mêmes mais beaucoup plus cher que si l’hôpital les avait engagées en CDI», a découvert Sophie Mergen.

Autre filière pour endiguer l’hémorragie: faire appel à une main-d’œuvre étrangère. «La nouvelle mode est d’aller recruter au Liban, pays en grosse difficulté depuis l’explosion du port de Beyrouth il y a deux ans. Conséquence des départs de ce personnel soignant: des services essentiels comme la réanimation pédiatrique sont condamnés là-bas. Nous avons aussi investigué sur les agences qui servent d’intermédiaires avec nos hôpitaux et nous avons identifié des pratiques parfois douteuses et des contrats abusifs», conclut la journaliste. Un reportage à voir de toute urgence.

«#Investigation », 25 mai, 20h20, la Une.

A lire aussi

Voir toutes les news