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«HPI»: Audrey Fleurot joue les tourbillons au commissariat

Coup d’envoi d’une nouvelle série policière avec une Audrey Fleurot « HP » qui rue dans les brancards. Un vrai régal, à suivre en primeur sur la RTBF.

PourCiné-Télé-Revue

La dernière fois qu’on a vu Audrey Fleurot à l’écran, elle était apparue en bourgeoise d’un autre siècle dans « Le Bazar de la Charité ». Là, en slim ultramoulant, dessus léopard décolleté, tatouage sur le sein apparent, elle dénote dans un commissariat.

C’est que son personnage n’a au fond rien à y faire. Morgane, 38 ans, trois enfants, deux ex, cinq crédits, 437 jours depuis son dernier frottis, 160 de QI… n’y traîne son énergie débordante que pour le ménage le soir. Jusqu’au jour où sa maladresse fait valdinguer un dossier. Et là, patatras, son scanner cérébral se met en surrégime. Elle décortique plus vite que son ombre les pièces à conviction… et suggère une nouvelle piste aux enquêteurs. Ainsi, ses capacités de déduction hors norme amèneront cette rebelle à l’autorité à intégrer l’équipe de flics. Accolée à un type psychorigide, tatillon sur les procédures, hyper-rationnel (l’acteur Mehdi Nebbou), Morgane-le-tourbillon au franc-parler ravageur va s’avérer ultra-efficace.

Voilà sur quoi repose la nouvelle série policière que diffuse la RTBF, avant TF1. Et c’est pétillant, avec une sacrée dose d’autodérision (cela se permet même une parodie des « Experts »), et rappelle la fraîcheur des séries scandinaves avec des personnages qui questionnent la notion de norme. C’est que pour la première fois dans une production française, le profil du Haut Potentiel Intellectuel est utilisé, avec ce que cela comprend de génialité et de décalage.

Pour ce rôle de composition, la comédienne s’est documentée. «  Je me suis passionnée pour le sujet. Je ne voyais que les bons côtés, mais je me suis aperçue que cette spécificité s’accompagne de beaucoup de complications et d’incompréhension, de difficultés dans les relations sociales et, souvent, d’une scolarité difficile. Finalement, ce n’est pas forcément un cadeau. Mais la série n’est pas non plus un documentaire. Nous avons pris des libertés », raconte Audrey Fleurot.

« Nous avons pris des libertés »

Forcément, pour que le duo fonctionne dans le rythme et le côté comique, la fiction grossit les traits. De même qu’il ne faut pas considérer le chirurgien de « Good Doctor » comme le parangon de l’autisme Asperger, Morgane n’est pas ici la copie conforme d’un HP. Elle en garde les caractéristiques principales comme une capacité de mémoire stupéfiante, une forte intuition, une pensée en arborescence qui carbure à grande vitesse, une expression sans filtre.

Mais les HP sont hélas plus prisonniers de leur extraordinaire intelligence. La confrontation à la vie sociale est beaucoup plus problématique dans les interactions. Le revers de la médaille pour eux est de se sentir perpétuellement à côté de leur vie, des autres, et cela s’accompagne de longues ruminations intérieures, de doutes lancinants qui les font se remettre en question perpétuellement. Evidemment, cette dimension moins télégénique n’est pas exploitée à l’écran.

Moins torturée, Morgane est plus solaire et joue à fond sur la carte de l’humour déstabilisant. «  Ça m’a beaucoup amusée, mais je viens d’un milieu plus populaire. Le côté grande gueule et extravagant de Morgane me parlait. J’y voyais l’occasion de faire mon clown. Je l’ai d’ailleurs beaucoup ramenée à moi, à mon humour. J’en ai eu l’occasion dès l’écriture, dans les dialogues. J’avais déjà l’impression de bien la connaître. Je n’ai donc eu aucune difficulté à entrer dans ce personnage que j’aime vraiment », explique Audrey Fleurot en parlant de son travail d’interprétation.

Côté intrigues, on ne va pas se mentir, les énigmes ne sont pas à couper les cheveux en quatre, ce qui fait d’ailleurs que les flics ne passent pas pour des flèches… Mais la génialité du scénario est d’avoir doublé chacune des enquêtes d’un mystère qui plane sur tous les épisodes. Qu’est-il advenu du premier compagnon de Morgane, volatilisé en pleine nature sans raison ? C’est ce qui tient en haleine de cette série qu’on prend beaucoup de plaisir à dévorer.

« HPI », mardi 20 avril, 20h35, la Une

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