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«Hippocrate», une saison 2 au cœur de la crise

Addictive à souhait, la nouvelle saison de cette série médicale nous entraîne au service des urgences confronté à un énorme afflux de patients… imaginé avant l’arrivée du covid.

PourCiné-Télé-Revue

C’est sans doute la meilleure série médicale du moment. En tout cas, la plus authentique et sincère. En 2018, la première saison d’« Hippocrate », créée par Thomas Lilti, ancien médecin devenu cinéaste, avait séduit les téléspectateurs de Be TV en suivant principalement le parcours de quatre jeunes internes confrontés pour la première fois à la réalité du terrain. Cette saison 2 se révèle encore plus addictive, en les plongeant au sein des urgences. « J’avais très envie de faire une série sur les urgences des hôpitaux », nous a confié Thomas Lilti. « D’où l’idée de départ d’une inondation dans le service des urgences, forcé d’être rapatrié en médecine générale, dans un lieu inadapté, et les jeunes internes de la saison1 qui se retrouvent impliqués. L’inondation, c’est une métaphore des hôpitaux qui prennent l’eau, des soignants au bord de la rupture », ajoute le réalisateur et scénariste.

Vient s’y ajouter une situation de crise qui va composer l’essentiel de la saison : des dizaines de personnes intoxiquées au monoxyde de carbone débarquent. Les malades sont triés sur le parking, les couloirs sont encombrés de lits, et la pression sur les épaules des soignants devient titanesque. On croirait presque que Thomas Lilti avait senti venir le covid ! « La vérité a rattrapé la fiction », commente-t-il. « Quand le tournage a été subitement interrompu au printemps 2020, la question s’est d’ailleurs posée de savoir si on intégrait la crise sanitaire aux derniers épisodes, qui n’étaient pas encore écrits. On l’a fait par petites touches, pour ne pas instrumentaliser la crise, et parce qu’on n’en voyait pas encore tous les contours. On y est allés avec cette idée qu’une catastrophe en entraîne toujours une autre, car les soignants n’ont pas le temps de la réflexion, de prévenir l’avenir. Ils sont sur un bateau qui coule. Par manque de choix possibles, on met les jeunes internes dans des situations d’échec inévitable, car ils ne sont pas formés pour assurer ce qu’on leur demande. Et après, on leur reproche d’échouer… C’est une situation qu’on retrouve souvent aujourd’hui dans la société, pas seulement les hôpitaux. »

La crise sanitaire s’est imposée aussi dans le tournage, qui se déroule dans une section déserte d’un vrai hôpital, quand il a repris en juin. « Elle a changé la manière de voir la série, pour toute l’équipe. Pour les acteurs, voir comment le monde de la santé s’est investi dans la lutte contre le covid a changé leur regard sur leurs personnages. Chacun s’est senti une responsabilité », raconte Lilti. Lui-même, durant les trois mois d’interruption, est allé aider bénévolement les soignants.

Bouli Lanners aux urgences

Pour autant, « Hippocrate », malgré sa dimension sociale et politique assumée, reste une fiction, dont l’une des influences majeures reste « Urgences » ! « C’est ma seule référence », confirme Lilti. « Cette série était précurseure par son ancrage réaliste, comme si on était vraiment dans un service d’urgences. J’ai fait mes études dans les années90, elle nous biberonnait, mes camarades d’études et moi. Je ne l’ai pas revue pour cette saison, car je l’avais beaucoup étudiée avant de faire la saison1. J’avais fait des montages de prises en charge de patients pour m’en inspirer, voir ce qui fonctionnait ou pas. Ne filmer que du soin est spectaculaire pendant trois minutes, mais très vite lassant. La force d’Urgences est de réussir à nous intéresser aux personnages. »

Thomas Lilti a bien retenu la leçon. On suit les tourments, les doutes, les joies, les rapprochements des héros, joués notamment par Louise Bourgoin et Alice Belaïdi. Plus un petit nouveau, notre compatriote Bouli Lanners (« C’est ça l’amour »), en chef du service des urgences. « Depuis longtemps, j’avais envie de construire un personnage charismatique qui soit médecin de terrain, des figures peu vues dans la fiction médicale. C’est le médecin qui relève les manches et bosse sans arrêt, finit par se tromper parce que devant lui, il n’y a que des mauvaises décisions à prendre. J’ai très vite pensé à Bouli Lanners, pour son physique imposant, ses tatouages. Il dénote, et pourtant, j’en ai connu des médecins hospitaliers qui lui ressemblent. En plus, Bouli est profondément sympathique, ça se voit sur sa figure. Ça déteint sur le personnage. Même quand il se montre cassant, brutal, on sent qu’il agit par abnégation. »

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