Accueil Ciné-Télé-Revue Cinéma

Gérard Jugnot, Camille Lou, Artus et Louka Melieva, «Pourris gâtés» mais tellement drôles!

En salle depuis ce mercredi, la nouvelle comédie avec Gérard Jugnot est une jolie réussite se riant des gosses de riches confrontés au monde du travail, sans verser dans la caricature grossière.

PourCiné-Télé-Revue

Si l’événement du jour en salle est la sortie du « Dune » de Denis Villeneuve, il y a une sympathique petite sucrerie aussi pour ceux qui ont plutôt envie de rire, « Pourris gâtés », de Nicolas Cuche. Dans cette comédie de caractère qui évite la caricature grossière, Gérard Jugnot joue Francis Bartek, un prospère entrepreneur monégasque dont les trois enfants qu’il a élevés seul ont toujours eu la vie facile, au point de devenir imbuvables. Il y a Stella (adorable Camille Lou), peste absolue sur le point d’épouser un bellâtre pseudo-argentin se prétendant grand héritier (délicieusement infâme Tom Leeb).

Il y a aussi Philippe (l’humoriste Artus, très à l’aise), noceur infatigable qui tente de faire bonne figure en imaginant des business foireux, comme la création d’une entreprise de services où des subalternes porteraient durant une semaine des chaussures de cuir afin de les assouplir pour leurs futurs propriétaires – parce que ça fait mal au pied, les nouvelles chaussures.

Enfin, il y a Alexandre (Louka Melieva, une révélation), qui poursuit plus ou moins des études, mais surtout les étudiantes, leurs mères, et toutes les femmes qui passent à sa portée, pour peu qu’il soit levé, et donc passé midi.

Francis Bartek est tellement atterré par le comportement de ses enfants qu’il décide de leur donner une bonne leçon. Avec la complicité de son homme de confiance (François Morel), il leur fait croire qu’ils sont ruinés et en plus poursuivis par la police. Seule solution, vite se cacher dans l’antique maison familiale et vétuste aux abords de Marseille. Là, pour survivre, ils n’ont d’autres choix que de travailler, un mot absent jusque-là de leur vocabulaire. Problème, ils ne savent rien faire d’autre qu’être servis… La comédie aurait pu alors se vautrer dans le gros gag qui tache, avec des fils et fille à papier juste odieux accumulant les grimaces. Nicolas Cuche évite le piège. Confrontés soudain aux réalités de la vie, les trois héritiers vont passer par les étapes de déni, de la colère et du désespoir, avant de passer à la résignation et l’acception, comme dans les différentes étapes du deuil.

pourris gates artus camille lou gérard jugnot
Gérard Jugnot, Artus et Camille Lou passent de richissimes à traquer dans «Pourris gâtés». © Apollo Films

On passe ainsi de la franche comédie un peu attendue (Camille Lou serveuse, Artus conducteur de triporteur, Alexandre ouvrier dans le bâtiment) à des scènes plus douces-amères, où les enfants, en retapant vaille que vaille leur vieille bicoque, ne vont pas tarder à retourner la leçon contre leur père. «  C’est ce que j’ai adoré dans le film. Il est drôle, mais il donne une leçon  », nous a confié Gérard Jugnot dans une interview à lire ce jeudi dans votre Ciné-Télé-Revue. « Mon personnage, veuf, a couru après le pognon, en oubliant d’élever ses enfants. Il s’est défaussé de ses responsabilités en leur offrant tout ce qu’ils voulaient. Mais la morale avec l’argent, c’est qu’il doit être une récompense pour un travail accompli, pas un gros lot de consolation. La métaphore est transparente : en restaurant ensemble la vieille maison familiale de Marseille, ils vont aussi restaurer leurs liens. »

Au final, chacun va apprendre que l’argent ne fait pas le bonheur, même s’il y contribue largement, et qu’une famille unie est le plus précieux des trésors. Pas de quoi révolutionner la culture de l’Epice sur la planète Arrakis, pour en revenir à l’autre grosse sortie du jour, mais indéniablement de quoi passer un moment sympa en bonne compagnie.

A lire aussi

Voir toutes les news