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Gérard Depardieu, l’intouchable sans limites, raconté à la télévision

Porté par des témoignages édifiants, le reportage diffusé ce soir suit Depardieu l’homme d’affaires et esprit libre insaisissable.

PourCiné-Télé-Revue

Dans « Depardieu, l’homme sans limites », le reportage de Francis Babin réalisé en 2019 que la RTBF diffuse ce soir, ce n’est pas tant à Gérard Depardieu l’acteur qu’à l’homme d’affaires, à l’aventurier et avant tout à l’homme libre que l’on s’intéresse. Paradoxe ambulant, Gérard Depardieu, c’est un éléphant dans un magasin de porcelaine. Il fait certes des dégâts, mais il étonne aussi en permanence et émeut. L’artiste qui a porté son don au pinacle dans des films comme « Cyrano de Bergerac » est le même qui pisse dans une bouteille lors d’un voyage en avion. L’âme sœur de Barbara qu’il reprend lors de récitals éblouissants de sensibilité est aussi l’ami des dirigeants comme Poutine ou Alexandre Loukachenko, le dictateur biélorusse.

Le reportage tisse le portrait d’un homme de textes toujours plus à l’aise avec les mots des autres, parce que les siens le renvoient à sa jeunesse de voyou à Châteauroux. Venu du peuple, des « gens d’en bas », Gégé dérange parce qu’il n’a jamais cherché à se plier aux bonnes manières de ceux d’en haut, qu’il pourrait toiser aujourd’hui. Simplement, il s’en fout. Tant qu’il vit, il engloutit. Comme businessman, il peut acheter un château et des vignobles, une poissonnerie, un restaurant et, pour échapper au fisc, une résidence dans notre pays, à Néchin. Le monde politique n’a pas encore fini d’être choqué que lui a déjà tout revendu, et part voir à l’Est s’il n’y a rien de nouveau. Un passeport russe en poche pour le plaisir de faire la nique aux politiciens français, le voilà déjà dans un avion pour la Tchétchénie, la Corée du Sud (où il a tourné dans un film de Yann Moix). Si ça déplaît, ce n’est pas son problème. Interviewé alors qu’il venait chanter Barbara à Bruxelles, il nous confirmait avec un sourire que « foutre la merde l’amuse ».

Le plus dur à encaisser est peut-être d’entendre ses proches, comme son frère aîné ou des amis, des associés, témoigner qu’il ne leur réserve pas un meilleur sort. Quand il les a épuisés, il s’en va. Les relations avec ses enfants en ont beaucoup souffert. Les images de son silence à l’enterrement de son fils, Guillaume Depardieu, où il ne parviendra finalement à prendre la parole que pour citer Saint-Exupéry sont édifiantes. Et pourtant, tous ses morts l’accompagnent au quotidien.

Robuste

Le reportage se termine sur la première plainte pour viol portée à l’encontre du comédien. Depuis, une première enquête a été classée sans suite, notamment après la confrontation de Gérard Depardieu avec son accusatrice. Mais le dépôt d’une nouvelle plainte par la même personne, cette fois avec constitution de partie civile, a entraîné de facto que l’acteur soit mis en examen, en février dernier. Ce qui lui permet de se « défendre activement », mais pourrait d’aventure aboutir à un procès. Des accusations qu’il rejette et ne l’ont pas empêché d’être encore cette année au Festival de Cannes, pour défendre « Robuste », où il joue un acteur ingérable sur le déclin se liant d’amitié avec une jeune femme. Robuste, le mot lui va bien.

« Depardieu, l’homme dans limites », 26 juillet 2021, 22h10, la Une.

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