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«Doc shot»: de la prostitution pour un sac Vuitton…

Le plus vieux métier du monde attire de plus en plus de mineures. Un phénomène inquiétant renforcé par les réseaux sociaux.

PourCiné-Télé-Revue

La télé nous ressert périodiquement des documentaires sur la prostitution, capitalisant ainsi sur le potentiel voyeurisme de ce genre de reportage. Cette enquête française que nous propose « Doc shot » brasse pas mal d’aspects du sexe tarifé, en donnant la parole à celles qui monnaient leur corps, aux clients qui les consomment en mode virées entre potes, aux associations qui viennent en aide à ces femmes tombées dans des réseaux de proxénètes.

Le documentaire nous fait découvrir le plus vieux métier du monde dans ses réalités aussi diverses que complexes. Il nous emmène du Nigeria, où les jeunes filles sont recrutées par un réseau international lors de cérémonies avec un sorcier, à La Jonquera, en Espagne, ville dédiée au tourisme sexuel avec ses bars gigantesques, avec visite des alcôves en caméra cachée.

On le sait, ces plastiques aguicheuses ne sont bien souvent pas là par appétit pour l’argent facile, elles sont pour la plupart tombées dans l’engrenage du crime organisé. On ne compte plus les reportages qui l’ont révélé.

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Celui-ci est intéressant en ce qu’il nous montre un tournant récent et insidieux de la prostitution, qu’ont renforcé l’anonymat et la vitesse de propagation d’Internet, ainsi que la précarité galopante. Enfiler une guêpière la nuit pour gagner de quoi joindre les deux bouts alors qu’on a un travail ou qu’on est étudiante semble ne pas relever de l’exception. Une aide-soignante et une jeune fille inscrite à l’université de Genève témoignent de ce choix assumé aux journalistes de cette enquête. Déconcertant ! Moins glaçant pourtant qu’un autre phénomène, celui des mineures issues d’un milieu apparemment sans souci financier qui empruntent cette voie.

C’est le cas de Nina, qui évoque visage caché et trémolos dans la voix sa descente aux enfers, dont elle a tiré un livre, « Papa, viens me chercher ». Tout commence dans le silence d’un intérieur aisé où cette ado de 14 ans, aimée par les siens et brillante en classe, tait le harcèlement qu’elle subit à l’école. Pour y échapper, elle s’évade dans les vapeurs de la drogue, jusqu’au jour où son argent de poche ne lui suffit plus. La solution proposée par son dealer ? S’inscrire sur un site d’escorts. En deux clics et trois photos, et en moins de douze heures, elle attire à elle cent clients potentiels.

En fugue, elle enchaîne entre huit et dix passes par jour. Gain : 1000 euros par jour, dont la moitié à son souteneur. Cette errance a duré deux ans. Comment l’explique-t-elle ? « On est baignés sur Insta d’images de femmes dans des grosses voitures, habillées en marques de luxe, qui ont un train de vie de princesses, donc on a envie de leur ressembler. Cela facilite la chute dans la banalisation du sexe  », rétorque-t-elle. De quoi nous faire réfléchir sur la puissance des réseaux sociaux…

« Doc Shot – Escorts, maisons et esclaves sexuelles : les dessous de la prostitution », 10 juin 2021, 22h35, La Une.

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