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Dany Boon: «Sarkozy est celui qui a le mieux imité Louis de Funès»

Ce 24 novembre, le cinéma « Le Palace » diffusait le mythique film « Le Corniaud » avec Louis de Funès, à l’occasion de l’exposition qui lui est consacrée jusqu’au 16 janvier 2022. Dany Boon, qui confie avoir vu « 30 fois, voire 40 fois » ce film, était l’invité d’honneur de cette séance exceptionnelle. Nous l’avons rencontré.

PourCiné-Télé-Revue

Est-ce que Louis de Funès vous sert de modèle comme comédien ?

Sûrement de manière inconsciente. L’influence est dans le fait de faire des films qui ne sont pas que des dialogues. Le corps, les expressions, servent aussi de support à la comédie, c’est très important.

En faire trop, ce n’est pas problématique ?

Pour lui non, et en même temps, ça l’était parce qu’il avait un rapport très compliqué avec les journalistes, parce qu’il est devenu connu à la fin de sa vie, et qu’il était très critiqué. D’ailleurs, Danièle Thompson m’a raconté que sur le tournage de « Les Aventures de Rabbi Jacob », ils étaient à une station-service, un flic les contrôle, Louis de Funès a un poireau et il lui fait des grimaces. Juste avant, il avait lu une critique qui le qualifiait de « branquignolle » et qui disait qu’il n’allait jamais devenir acteur. Ça l’avait beaucoup blessé, et il ne voulait pas tourner la scène. Il était très sensible, même si, à la fin de sa vie, je le sais par Patrick Sébastien, qui le connaissait bien, que Louis de Funès disait à Patrick qu’il avait l’amour du public et que c’était la plus belle des récompenses.

Louis de Funès était un monstre du rire, personne n’a réussi à faire aussi bien que lui après ?

S’il y a une filiation à faire, c’est Christian Clavier. Je n’ai jamais trouvé que Clavier ressemblait à de Funès. Clavier a son style, son humeur. Il a cette filiation, il pourrait être son fils, dans le sens où il a ce côté mauvaise foi, Français de mauvaise humeur, qui peut être insupportable, il le fait très bien. Il arrive à rendre drôle des personnages antipathiques. Je pense que celui qui a le mieux imité de Funès, c’est Sarkozy.

Vous avez en commun les records d’entrées, mais aussi les critiques, ça vous a touché aussi ?

Oui, ça m’a touché à des moments où on est fragile, quand le film sort, qu’on ne sait pas comment il va être accueilli, qu’on a une pression dingue. C’est très dur parce qu’il y a tout un travail derrière, toute une équipe, et certaines critiques sont parfois injustes. Il y a parfois un décalage entre une salle qui rit et ce qu’on voit dans la presse. Après, quand on fait ce métier, on accepte de se remettre en question, de prendre des risques.

Fluffy, le chien de Dany Boon était lui aussi de la partie.
Fluffy, le chien de Dany Boon était lui aussi de la partie. - CTR

Quand vous écrivez, est-ce que vous vous demandez pourquoi les films de Louis de Funès, 50 ans après, font toujours autant parler et rire ?

Parce ça parle d’humain, et pas de politique. Les scènes sont écrites pour durer car elles parlent des travers humains, qui sont intemporels. Quand j’écris, si je me questionne, c’est plus au niveau international. Comment l’étranger va recevoir mes films. Et je pense aussi à faire rire les enfants.

Quand vous dites à l’international, vous construisez un humour qui est le plus universel possible ?

Ça ne s’est pas passé comme ça. J’ai fait « Bienvenue chez les Ch’tis », et après, on m’a dit qu’on allait le vendre à l’étranger, hors pays francophones. C’était drôle. Et la première fois que j’ai vu le film à l’étranger, c’était en Allemagne, les gens riaient, et je trouvais ça dingue. Je n’ai pas voulu que ce soit un tel succès, mais quand j’écris, je me demande si ce gag va faire rire ailleurs qu’en France.

Que pouvez-vous nous dire sur votre prochain film, « La Vie pour de vrai » ?

Je suis en train de l’écrire, je suis très content. Je ne peux pas en dire plus.

Vous auriez pu jouer avec un gars comme Louis de Funès ?

Est-ce que j’aurais aimé être Bourvil ? J’aurais adoré. Ce que j’adore, c’est l’alchimie entre les deux. Je me souviens d’une interview des deux, où on voit Bourvil raconter qu’il partait en vacances sur la nationale 7, qu’une voiture avec une famille roulait devant lui, il l’a dépassée, et a baissé son froc à la fenêtre derrière. Bourvil se marrait comme une baleine, et de Funès lui a répondu : ‘Mais, ce n’est pas drôle du tout. Comment tu oses faire ça ? » Il était choqué.

Est-ce que vous aviez tenté de recréer ce duo avec Benoît Poelvoorde dans « Rien à déclarer » ?

Il y a un peu de ça, oui, c’est vrai.

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