Daniel Lévi: «Cet album est une victoire contre la maladie»

Il en a bavé ces dernières années. Depuis près de trois ans, Daniel Lévi lutte contre la maladie, plus exactement un cancer du côlon, détecté fort tard. «  Il y avait des signes, que je n’avais pas pris au sérieux assez vite. » S’ensuivent opérations, chimio et, comme si ça ne suffisait pas, il est plongé dans le coma après une septicémie. Mais, aujourd’hui, le chanteur révélé par la bande originale du film « Aladdin » (souvenez-vous, « Ce rêve bleu », c’était lui) et la comédie musicale « Les 10 commandements » est de retour dans les bacs, à 59 ans, avec un superbe album, « Grâce à toi », groovy en diable.

Pourtant, la maladie n’a pas dit son dernier mot. Il y a désormais des métastases à traiter, de nouvelles chimiothérapies. Mais pas question pour lui d’abdiquer. «  Je vais mieux », nous confie-t-il d’emblée. «  On a enrayé les métastases au foie et on continue de traiter le reste, le poumon. La médecine fait des progrès. Cet album est une victoire contre l’adversité. C’est fantastique de pouvoir me hisser au-dessus de cette épreuve que m’a imposée la maladie. Car c’est une prouesse vocalement d’avoir réussi à chanter. Le traitement attaque les muqueuses. Il fallait chaque fois que j’attende des fenêtres où je retrouvais ma voix pour enregistrer les morceaux. C’est très gratifiant d’avoir mené à bien ce projet. »

L’envie de vivre

De cette expérience, le chanteur a tiré un album résolument positif, altruiste même, où il déclare sa foi en l’être humain, avec des morceaux comme « Les gens bien ». «  La teneur de cet album s’est imposée d’elle-même. J’étais beaucoup dans la gratitude, la reconnaissance. Le titre du disque, ‘Grâce à toi’ résume tout. Je crois aux vertus de l’autre. On n’est rien sans l’autre. J’ai été soigné par un personnel hospitalier d’une humanité exceptionnelle. Quand on traverse ce genre d’épreuve, on se déleste du superflu, on voit la beauté du monde et on réalise la chance qu’on a d’être en vie. Il y a chez moi la volonté de voir le meilleur dans l’être humain. C’est un album très lumineux porté par une envie de vivre. »

Et parmi les personnes qui l’ont soutenu tous ces mois, il y a son épouse, qui a été présente à ses côtés dans chaque étape de son combat. Au point d’aller jusqu’à lui apporter un piano (enfin, un synthé pour être exact) alors qu’il était en réanimation. Une façon de lui montrer qu’il avait encore des projets qui l’attendaient.

Aujourd’hui, Daniel Lévi ne rêve que d’une chose, remonter sur scène. «  Les chansons ne prennent véritablement toute leur dimension que sur scène. Et j’espère retrouver vite le public belge et faire la fête avec vous. » Le rendez-vous est pris.

L’effet « Mask Singer »

À l’automne dernier, Daniel Lévi avait déjà effectué un come-back remarqué en participant à « Mask Singer », où, sous le costume du robot, il a terminé deuxième ! «  Se cacher derrière un costume pour être encore davantage soi-même, davantage désinhibé, c’est formidable. En plus, j’ai pu choisir mes chansons. Chanter en prime time devant des millions de téléspectateurs du Stevie Wonder, du John Legend, du Earth Wind and Fire, du Léo Ferré, ça m’a rempli de joie ! Ça m’a fait du bien de voir que le public a été emballé par ce que je faisais. Du coup, il y a toute une génération de jeunes, qui ne me connaissaient pas, qui ont écouté à l’aveugle mes prestations et ont aimé. J’ai tout un nouveau groupe de fans que je n’aurais jamais pensé avoir ! »

Plus récemment, Daniel Lévi est passé aussi dans « Stars à nu », mais cette fois pour livrer un témoignage poignant sur sa maladie et sensibiliser le public à l’importance d’un dépistage précoce, alors que lui avait trop tardé. «  C’était un devoir, de témoigner. Si mon intervention suffit à sauver ne serait-ce qu’une vie, elle aura déjà été utile. »