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Conférence de presse du jury de Spike Lee à Cannes: «’Titane’ Palme d’or? Un film où une cadillac met une femme enceinte, c’est de la folie!»

Après une cérémonie de clôture que le président du jury, Spike Lee, a rendue rock’n’roll, voire rocambolesque et en tout cas bien peu protocolaire, place à un autre exercice obligé du Festival, la conférence de presse du jury, après la proclamation du palmarès.

Dans son magnifique costume multicolore tout à fait incroyable, Spike Lee, premier noir à obtenir l’honneur de présider le jury du Festival de Cannes, a commenté avec humour ses errements de la proclamation quand il a voulu révéler le film palme d’or sans avoir d’abord égrainé les autres prix : « Je ferai la première page des journaux aux Etats-Unis ! »

Puis, plus sérieusement, le président du jury a révélé « qu’il n’y a pas eu une seule chose sur laquelle on a eu l’unanimité. Et ça, ça me plait ».

Tour à tour les autres membres du jury ont parlé d’une expérience très enrichissante et ont confirmé que tous n’étaient pas toujours d’accord, qu’il n’y a jamais eu un point de vue unique sur un film, chacun ayant vu chaque film différemment et défendant ensuite son point de vue.

« Toutes ces différences de vue, c’est en effet une très belle expérience aussi pour moi, a ajouté Spike Lee. On n’était pas d’accord mais on a quand même trouvé les lauréats du palmarès. Vingt-quatre films, c’est beaucoup. On en voyait trois parfois même quatre un même jour. Vingt-quatre films mais pas vingt-quatre prix. Il fallait avancer et faire des choix. Personne n’a élevé la voix même si son point de vue n’était finalement pas suivi mais chacun a pu défendre ses idées comme il le voulait, démocratiquement. Je suis heureux des prix remis ce soir ».

La Palme d’or décernée à « Titane » de la jeune réalisatrice française Julia Ducournau n’a donc pas fait l’unanimité. En tout cas, Mylène Farmer s’est dite « particulièrement heureuse de ce choix » assez proche de l’univers visuel de ses clips, il est vrai.

Le fait que ce film soit l’œuvre d’une femme a-t-il influencé le vote du jury ? « Regardez la composition de mon jury, répond Spike Lee, il y a une forte représentation féminine, la réponse est là ». Et puis d’ajouter, totalement goguenard : « Un film où une cadillac met une femme enceinte, ça m’a semblé génial, c’est de la folie » ! Chacun interprétera cette réflexion du président du jury comme il voudra…

Redevenu sérieux, Spike Lee ajoute, toujours à propos du choix de la Palme d’Or : « On a tous fait notre travail, tout le monde a contribué à ce palmarès. Nous aimons tous passionnément le cinéma, c’est un grand honneur d’être ici, surtout après l’épidémie que l’on sait. Ce 74è Festival de Cannes est historique » !

Le prix du jury partagé ex-aequo par le cinéaste israélien Nadav Lapid (« Le genou d’Ahed ») n’a pas fait davantage l’unanimité auprès des festivaliers. Une fois encore Monsieur le Président défend le choix de son jury : « Il parle de l’Etat d’Israël, c’est courageux, c’est même extrêmement courageux, ça mérite un prix. Il y a eu en sélection plusieurs films venus de pays où la liberté d’expression n’est pas toujours respectée, où leurs auteurs risquent la prison. On a eu l’impression qu’il fallait applaudir ce geste politique du film israélien. Ça correspond à notre idée du cinéma contemporain ».

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