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Comment cette star de «Sous le soleil» a surmonté son handicap: «Je me suis finalement dit: ‘arrête avec l’image, tu as assez travaillé dessus’»

Il a un parcours de vie pour le moins cabossé. Orphelin devenu vedette du petit écran puis, soudainement atteint de surdité, Frédéric Deban – alias Grégory de « Sous le soleil » comme beaucoup l’appellent encore – renaît aujourd’hui, grâce à un implant cochléaire. Avec humour, sans jamais se plaindre, ce Phoenix raconte son retour à la vie dans son 4e livre et, tendrement avec nous…

Frédéric, le jour de vos 50 ans, vous n’entendez soudainement plus rien. Pendant près de cinq ans, vous avez souffert le martyre à cause des acouphènes qui causent aussi une certaine exclusion. Au point de ne presque plus vivre ?

Ce n’est pas « presque ». Dans la puissance et dans les ravages c’est l’équivalent d’un tsunami. Ta vie professionnelle, du jour au lendemain, s’effondre, ta vie sexuelle aussi, car tu dois aller vers l’autre mais ça, c’est impossible parce que tu es enfermé dans ta bulle. Tu te bats, constamment, pour ne pas aller te jeter sous un tram. Les acouphènes, c’est ça. Le côté sombre a tendance à l’emporter. Mais j’ai suffisamment été dans le côté sombre pendant mon adolescence et les 10 années qui ont suivi, que ça, je le connais trop bien, je ne pouvais pas me laisser happer par ce côté sombre. J’essaie d’aller vers la lumière, de transformer ce handicap, notamment par le biais de l’écriture, même si je suis très attaché à mes zones d’ombre.

F DEBAN
D.R.

À cause de votre métier d’acteur, et de l’image à renvoyer, vous avez longtemps refusé l’implant cochléaire qui pouvait peut-être vous sortir de cet enfer. Finalement, au bout de 4 ans, vous vous faites implanter. Pourquoi ?

Tu fais bien de parler de l’image ! Je n’ai pas un ego surdimensionné mais le seul héritage que j’ai eu de mes parents, c’est l’héritage génétique. Je me trouvais plutôt pas mal, j’ai eu ce côté Narcisse pendant quelques années et j’étais assez content de ça, ça facilitait les choses dans mes rapports humains. Mais ça m’a servi et desservi, en particulier sur la fin de cette première moitié de vie, après la fin de « Sous le soleil ». Là, j’ai eu une forme de lassitude. Ça ne me correspondait plus, ce côté jeune beau gosse à Saint-Tropez. Quelque chose comme « Sous le soleil » te vole ton nom, personne ne connaissait mon vrai nom. Pour revenir à ce côté Narcisse, je ne voulais pas me faire implanter pour l’aspect physique car aussi, jusque-là, aucune prothèse auditive n’avait marché chez moi, à cause des acouphènes. Mais un jour, je me suis finalement dit : arrête avec l’image, tu as suffisamment travaillé dessus !’ Et puis qu’est-ce que l’image quand on n’a plus le son ?

Pendant tout ce temps, vous ne travaillez plus. Comment avez-vous tenu financièrement aussi ?

J’ai toujours été plus cigale que fourmi… J’ai gagné énormément d’argent et j’ai tout dépensé, en maisons notamment… Ces derniers temps, j’ai vécu d’aides. J’ai touché des droits de rediffusion quand même de la série « Sous le soleil », puis ça s’est étiolé mais il restait des associations liées à mon métier pour lesquelles j’avais cotisé. Je me suis retrouvé quelques fois dans le passé dans cette situation : de l’hélico qui t’emmène au festival de Monte-Carlo et, une fois rentré à Paris, au service social de la mairie. Mais je n’ai pas de problème avec ça.

Désormais « implanté », vous deviez remonter, enfin, sur scène l’année dernière avec votre seul en scène « Journal d’un malentendant et ses malentendus ». La crise est arrivée… Vous patienterez encore jusqu’au festival d’Avignon cet été pour refaire votre métier…

Je veux qu’on sache que Frédéric Deban existe, qu’il y a quelque chose à l’intérieur. Ma mission, sur scène, sera de rendre visible l’invisible, car ce handicap est invisible. Le spectacle sera sous-titré, c’est très important que les sourds ne restent pas à la maison !

Vous êtes aussi le porte-parole d’une petite oreille blanche… Qu’est-ce que c’est ?

Cette petite oreille blanche, portée par les malentendants, envoie un signal aux autres. Elle dit : « je suis malentendant, pouvez-vous vous placer face à moi pour que je vous comprenne mieux ? » Elle deviendra une star, comme sa grande sœur la canne blanche pour les aveugles !

Frédéric Deban « Journal d’une renaissance » (éd. Tredaniel). www.loreilleblanche.fr. Une pétition a été lancée pour demander le sous-titrage de toutes les chaînes de la TNT

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