« Black-ish » : pourquoi faut-il voir cette série-phénomène validée par Barack Obama ?

En 2014, aux USA, la chaîne ABC lançait « Black-ish », une sitcom des temps modernes, suivant les aventures d’une famille afro-américaine. Cette comédie nous plonge dans le quotidien de Dre Johnson (Anthony Anderson), père de quatre enfants et marié à Rainbow (Tracie Ellis Ross). La charmante tribu vit l’American Dream : Dre s’attend à être promu vice-président de son agence de publicité et Rainbow est une médecin ambitieuse. Une petite vie parfaite que les Johnson vont toutefois remettre en question. Auraient-ils oublié de transmettre leurs valeurs à leurs enfants ? Se seraient-ils laissé influencer par leur nouvel entourage ?

En Europe – et plus particulièrement chez nous, en Belgique – « Black-ish » n’a pas encore trouvé son public. Il faut dire que ce feuilleton puise largement son inspiration dans la culture américaine, qui peut parfois sembler lointaine aux yeux des téléspectateurs européens. Mais cela n’empêche pas pour autant d’apprécier la série et de s’identifier à cette famille moderne, portrait de l’Amérique actuelle.

La fiction jette un regard amusant et audacieux sur la détermination - parfois maladroite, mais irrésistiblement drôle - d’un homme à donner du sens à son identité culturelle. Son but ? Honorer ses racines, tout en embrassant l’avenir. Alors, quand son fils lui annonce vouloir fêter sa bar-mitsva, il se plie en quatre pour le résonner et lui organiser une cérémonie rituelle africaine. Quitte à devenir un cliché ambulent, Dre usera de tous les stratagèmes possibles et imaginables pour renouer avec son passé, qu’il avait légèrement mis de côté.

« Black-ish » est donc une satire grinçante de l’Amérique noire qui s’est laissée prendre au jeu des belles banlieues « blanches » de Los Angeles, mais qui reste tout de même confrontée à certains comportements racistes. Ce portrait scinque illustre comment une famille qui change de « rang social » en arrive à se caricaturer, mais prouve aussi que nos différences ne nous définissent pas et qu’il reste encore du chemin à faire dans la lutte contre le racisme.

Obama adore, Trump déteste

La série traite d’autres thématiques fortes, comme les violences policières à l’encontre de la communauté noire ou l’élection de Donald Trump… Pas vraiment fan de la sitcom, le 45ème président des États-Unis l’avait d’ailleurs lui-même qualifiée de « raciste » (le comble !) Un avis aux antipodes de celui de son prédécesseur Barack Obama et sa femme Michelle. « Ils ont dit que c’était leur show préféré et qu’ils le regardaient en famille », avait alors confié au Guardian la créatrice du programme, Kenya Barris, après sa rencontre avec le couple présidentiel.

Pas étonnant que Michelle et Barack se soient reconnus dans l’histoire des Johnson, qui regorge d’authenticité. Et pour cause, elle est inspirée du vécu de la scénariste Kenya Barris et de la star de la série, Anthony Anderson. « 90% des épisodes sont basés sur des faits réels », avait soutenu Kenya dans son entretien accordé au Guardian. Laquelle s’est inspirée de ses conversations avec son acteur principal. « On parlait de ce que cela faisait d’être le seul Afro-Américain dans nos quartiers, ou bien que nos enfants soient les seuls Afro-Américains à l’école », avait expliqué Anthony Anderson dans un entretien pour 20 minutes. « On s’attaque à des sujets délicats, explosifs. On s’y attaque en dosant bien. On ne veut pas que les gens interprètent mal, que cela soit perçu comme trop compliqué ou étrange. En faisant passer l’information et les connaissances avec humour, cela rend plus facile la conversation sur le sujet […] Si on ne peut pas se moquer de soi, de qui peut-on se moquer ? » Une preuve de plus que « Black-ish » est loin d’être raciste…

Aujourd’hui, la sitcom en est déjà à sa septième saison outre-Atlantique et planche sur une huitième salve, qui sera malheureusement la dernière. Forte de son succès populaire aux USA (jusqu’à 11 millions de personnes devant la télé), mais aussi critique (nominée et récompensée aux Golden Globes et Emmy Awards), cette série est toutefois loin d’avoir dit son dernier mot, puisqu’elle fait également l’objet de spin-offs. Le premier, intitulé « Grown-ish », se concentre sur la vie de Zoey, la fille aînée de la famille, qui est la première à quitter le domicile familial pour partir à l’université. Et le second, baptisé « Mixed-ish », raconte l’enfance de Rainbow, la maman de la tribu, dans les années 1980.

Si toutes ces informations vous ont donné envie de découvrir « Black-ish », sachez que ses six saisons sont actuellement disponibles dans le catalogue STAR de Disney+.