Accueil Ciné-Télé-Revue Streaming

Alors, elle vaut quoi la saison 4 de «Stranger Things»?

Après trois ans d’impitoyable attente, Netflix a dégainé les premiers épisodes de la saison 4. Plus horrifique, plus cinématographique.

PourCiné-Télé-Revue

600 millions de visionnage pour la dernière saison, 65 nominations aux plus prestigieux palmarès, élue meilleure série dramatique en 2017, des acteurs récompensés pour leur prestation… Depuis 2016, « Stranger Things » est plus qu’un succès, elle est un phénomène culturel. On ne réussit pas une telle unanimité juste avec un bon casting. Les péripéties d’une bande de préados imaginées par les frères Duffer ont certes remis en selle Winona Ryder et fait exploser un talent, celui de Millie Bobby Brown, mais elles réunissent surtout les éléments d’une trame qui parle au plus grand nombre.

Tout d’abord, en surfant sur la nostalgie des années 80. Qu’elle nous paraît plus douillette, plus réconfortante cette décennie, vue de notre début de nouveau millénaire anxiogène ! Will, Mike, Dustin et Onze nous ramènent à l’époque des VHS, des walkmans et des talkies walkies, des balbutiements des jeux vidéo, de la coupe mulet…, celle où on n’était pas traqués par Internet mais où enfourcher son vélo était une promesse de grande aventure. Le génie des créateurs a été justement de semer les références à la pop culture des eighties – « Les Goonies », « E.T. », « Poltergeist » – et truffé les épisodes d’hommages aux univers de Steven Spielberg, Stephen King, John Carpenter, Stephen King.

A cette réalité se superpose une autre fantastique, celle où est aspiré le petit Will, où se mêlent forces surnaturelles dangereuses, peuplé de monstres et de mystères, donc de rebondissements à gogo. Et au milieu de cela, des gamins qui rappellent « Le club des Cinq », malins pour résoudre des énigmes, portés par l’amitié et la solidarité. Bref, des archétypes dans lesquels les adultes se retrouvent et leurs enfants se projettent, ce qui contribue à expliquer l’engouement de plusieurs générations pour cette série.

Saga vintage et de science-fiction, « Stranger Things » multiplie les grilles de lecture pour ferrer son public. Et s’il y en a un niveau plus subtil de décryptage, c’est celui de la critique de la société US à travers ce miroir grossissant. « Le monde à l’envers » créé par un laboratoire secret fait écho aux expérimentations cachées menées par le gouvernement américain durant la Guerre froide, le projet MKUltra, un programme expérimental illégal, développé entre 1953 et 1973 et qui visait à affaiblir la volonté humaine pour obtenir des aveux… Le lieu principal de la dernière saison, le mall, emblème du consumérisme, et montré dans son abandon, nous fait prendre conscience de la faillite de l’American Dream…

Plus qu’un défilé d’épisodes, « Stranger Things » est devenue une franchise à part entière, avec sa communauté de fans et ses produits dérivés. Un business dont le géant Netflix compte bien tirer parti en appliquant une grande loi économique : la rareté augmente le prix. Le temps a paru long pour les inconditionnels : depuis 2019, ils attendaient cette saison 4. Bon, la pandémie n’a pas aidé, elle a mis à l’arrêt le tournage, puis l’a retardé avec tout le casse-tête du protocole anti-contamination. Mais les producteurs n’ont pas lésiné sur les moyens – et l’on sait que les effets spéciaux, ça coûtent bonbon : chaque épisode a demandé 30 millions de dollars, ce qui fait de cette saison 4 l’une des plus chères de l’histoire de la plate-forme.

Pour rappel, il y a trois ans, nous avions laissé ce personnage énigmatique dépossédé de ses pouvoirs extraordinaires. Onze avait quitté Hawkins avec la famille Byers pour retrouver une vie normale en Californie. Cette saison 4 joue sur deux axes principaux :

Plus de fantastique :

Les frères Duffer se sont plaisir pour faire plaisir à leur public. Ils donnent un virage cinématographique à leur univers. La patine esthétique est encore plus soignée. Chaque épisode est en soi un long métrage d’une durée de plus ou moins une heure et quart. Bon, ça laisse le temps d’installer l’atmosphère. Et l’Upside Down est encore plus enveloppant et horrifique. Les créateurs accrochent ici une autre grande référence, celle des « Griffes de la nuit ». D’ailleurs, qui voit-on à l’épisode 4 ? L’acteur Robert Englund, qui incarna Freddy fait une apparition. Clairement, il y a une montée en puissance dans le gore et le fantastique.

Plus de psychologie

Les gamins ont bien grandi ! Les voilà en pleine adolescence, dans un autre environnement, et avec toutes les problématiques que ce bouillonnement d’hormones provoque. On a donc quitté Hawkins (mais pas ses horreurs, car les conséquences des expérimentations secrètes du labo font sentir leurs effets) pour le soleil de la Californie et pour les années collège, et le fameux « Spring Break ». Il faut se faire une place dans un clan, apprivoiser sa puberté, se faire de nouveaux amis dans l’équipe de basket. Heureusement qu’il y a des geeks et fans de Donjons et Dragons dans cette école aussi. Et puis, Onze a perdu ses pouvoirs extraordinaires. Le scénario creuse plus la psychologie des personnages, ils s’étoffent plus que leur acné, Dieu merci ! Ce sont les mêmes mais différents. Plutôt que de rejouer une variation sur le même thème, les créateurs exploitent la veine du changement, et c’est intéressant.

Bref, un conseil : équipez-vous de torches ! La saison 4 est divisée en deux parties, la seconde débutera le 1er juillet, avec les cinq derniers épisodes.

A lire aussi

Voir toutes les news