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74e Feal de Cannes : « Les Olympiades » de Jacques Audiard : la coloc’ 2.0 et plus si affinités ?

Après « Dheepan », palme d’or en 2015, Jacques Audiard change complètement de registre. Avec « Les Olympiades » du nom d’un quartier du XIIIe arrondissement de Paris, il signe une comédie romantique en filmant, dans un noir et blanc très nuancé, des jeunes qui se partagent un appartement en colocation et leurs envies sexuelles sans lendemain. Quoique…

Ce changement de ton, Jacques Audiard l’explique très simplement : « Quand je finis un film, j’ai besoin d’avoir en réserve un autre sujet, question de tout de suite évacuer toutes les petites frustrations liées à la sortie de mon film précédent. Il y en a toujours des frustrations. Et là, on m’avait parlé de cette série de bandes dessinées « Les intrus » d’Adrian Tomine. Si c’était quelque chose de plus léger, c’est un pur hasard ».

Comme souvent chez Audiard, ses protagonistes sont de jeunes adultes. « Ce sont de jeunes adultes, en effet, entre vingt et trente ans, guère plus, à l’exception d’une grand-mère en maison de repos. Ils appartiennent à la classe moyenne de Monsieur tout-le-monde. Ils ont des diplômes et déjà une petite expérience professionnelle mais ils ont du mal socialement à se faire une place. Cela dit, ils ne sont ni bien ni mal dans leur peau. Ce ne sont en tout cas pas de jeunes cassés comme beaucoup de films nous en montrent aujourd’hui ».

« Derrière le sexe rapide, il y a des cœurs qui battent ».

« Les Olympiades » est un film qui a visuellement des accents du cinéma français d’hier avec, pourtant, des histoires d’amour bien d’aujourd’hui, des histoires d’amour d’une nouvelle France somme toute. « Autrefois, le discours amoureux avait beaucoup d’importance, commente d’une voix à peine audible un Jacques Audiard dissimulé derrière des lunettes de soleil, un chapeau vissé sur le crâne. Jadis, on pouvait se parler toute une nuit sans se toucher, la parole avait une grande valeur de séduction. Aujourd’hui, on couche tout de suite. Mais alors, que reste-t-il du discours amoureux ? La liberté sexuelle, pourquoi pas, mais derrière il faut quand même qu’il y ait des cœurs qui battent ».

Localiser l’action de son film dans le quartier des Olympiades, dans le XIII è arrondissement de Paris, n’est pas sans signification pour le fils de Michel Audiard : « C’est un quartier où j’ai longtemps vécu moi-même, un quartier à l’architecture particulière, avec une vraie volonté urbanistique, fait de tours buildings et de dalles de béton très peu dans le style des cartes postales traditionnelles de Paris. C’est la modernité de Paris, un cas unique, quelque chose qui a émergé de terre telle une réalité nouvelle ».

Le noir et blanc, plein de nuances subtiles, Jacques Audiard l’explique de manière très pragmatique : « J’ai déjà tourné plusieurs films dans Paris et je ne voyais plus très bien comment me renouveler. Le noir et blanc m’a donné une belle opportunité de faire autre chose ».

De beaux portraits de femmes d’aujourd’hui.

« Les Olympiades », il faut le souligner, c’est aussi de beaux portraits de femmes d’aujourd’hui, dans leur diversité comme dans leurs ressemblances. Il y a Emilie, employée d’un call-center, interprétée par une jeune actrice d’origine chinoise, très prometteuse, Lucie Zhang ; puis Nora, Noémie Merlant, jeune Bordelaise bourgeoise venue conquérir Paris ; et enfin Amber, Jehnny Beth, une webcam girl qui monnaie ses charmes sur la toile. Puis, quand même, un mec, Camille, Makita Samba, prof’ de français très frustré de ne pouvoir draguer ses élèves !

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