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«50 ans de faits divers»: le bal tragique du 1er novembre 1970 à Colombey qui faisait 146 morts

Cette série documentaire exhume un drame qui a marqué la France en 1970, et révolutionna l’histoire de la presse.

PourCiné-Télé-Revue

Si aujourd’hui, on tue sa solitude à coups de scroll sur les réseaux sociaux, il fut une période pas si lointaine où, pour se changer les idées, il fallait bien sortir de chez soi. Pour ceux qui ont vécu leur jeunesse après Mai 68, les « dancings » étaient « the place to be » pour s’amuser, draguer, écouter la musique à la mode. Et dans la France profonde, à Saint-Laurent-du-Pont, dans l’Isère, c’était au « 5-7 » que les babyboomers se donnaient rendez-vous. Une discothèque comme tant d’autres construites à la va-vite sans trop se préoccuper des dispositifs de sécurité.

Il a fallu la veille du 1er novembre 1970 pour s’en rendre compte. Vers 1h30, un incendie s’y déclara et en quelques minutes, les flammes mangèrent l’établissement, le toit explosa ensuite sur les noceurs. Il n’y avait qu’une étroite sortie de sécurité pour échapper au brasier.

Ainsi naquit « Charlie Hebdo »

Cinquante ans plus tard, les survivants et les pompiers qui ont été appelés sur les lieux s’en souviennent encore tant le carnage était impressionnant. « Quand on a ouvert les portes, c’était des piles de cadavres, des corps calcinés sans tête, sans mains. Les pompiers vomissaient, tombaient en syncope ou tournaient de l’œil », raconte dans le documentaire un homme présent à l’époque.

En dix minutes, 146 jeunes gens âgés de 14 à 27 ans périrent brûlés vifs. Le gymnase du village est transformé en gigantesque chapelle ardente. Aux parents est demandé de venir identifier les rares objets distinctifs qui n’ont pas fondu. Les journalistes de la presse étrangère affluent dans ce coin reculé pour en tirer leurs unes.

Mais huit jours après ce drame national, un autre événement va occuper le devant de la scène. Le général de Gaulle meurt le 9 novembre 1970. Le journal satirique « Hara-Kiri » titre « Bal tragique à Colombey : 1 mort ». Pour cette irrévérence, il est interdit d’exposition et de vente aux mineurs sur décision de Matignon. Le journal est jugé dangereux pour la jeunesse, justifia le ministre de l’Intérieur. Tollé dans les médias, qui appellent à la liberté d’expression ! Forts de ce soutien, François Cavanna, le directeur de la publication, et Georges Bernier, papa de l’actrice Michèle Bernier, trouvent une parade et décident de fonder un autre titre. Des cendres d’« Hara-Kiri » naît « Charlie Hebdo ».

Ce trait d’humour que certains qualifieront de mauvais goût marqua l’histoire de la presse. Mais ce n’est pas de cet aspect que traite ce documentaire. Il est une autre loi dans les médias : une actualité chasse l’autre. Ainsi, l’ombre du célèbre homme d’Etat relégua dans les ténèbres la douleur des familles de ce village de l’Isère et leurs multiples questions sans réponse sur les circonstances de l’incendie. Cette émission évoque les circonstances du procès et combien la région en porte encore les stigmates.

« 50 ans de faits divers », 14 août, 21h20, la Trois.

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