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20 ans du «Loft»! Steevy Boulay «La télé-réalité aujourd’hui est d’une vulgarité!»

Avec Loana, il était l’une des stars du tout premier « Loft ». Et l’un des rares à encore être sous les feux des projecteurs 20 ans après…

PourCiné-Télé-Revue

Le « Loft » était la première émission de télé-réalité. Vous saviez dans quoi vous vous embarquiez ?

Non. Moi, j’y suis allé comme si je participais à un jeu. J’avais vu une annonce. J’y ai répondu et j’ai été retenu. Mais à aucun moment, je ne pensais être starifié à ce point. C’était de la folie. Tout le monde nous reconnaissait.

Quels souvenirs gardez-vous de cette expérience ?

Contrairement à d’autres participants, je l’ai très bien vécue. Ça me sortait de mon train-train quotidien. À l’époque, je travaillais dans la restauration. Le week-end, je bossais aussi en discothèque la nuit, tout ça pour pas grand-chose. Je vivais dans la misère. Le « Loft » était une vraie aubaine pour sortir de ma galère.

Lorsque vous étiez enfermés, vous étiez au courant de l’ampleur que prenait le phénomène ?

J’ai eu la puce à l’oreille quand quelqu’un est un jour arrivé à s’infiltrer dans le Loft. Il s’est prosterné devant nous en criant nos noms. On s’est dit qu’il devait se passer quelque chose dehors. D’autant qu’on entendait aussi le brouhaha autour du Loft, avec des gens qui hurlaient nos prénoms, en scandant « Steevy, je t’aime ». Mais là où je me suis rendu compte que j’étais célèbre, c’est le soir où je suis sorti de l’émission et qu’une petite fille est venue me tendre, pour un autographe, le numéro de Télé 7 jours avec écrit dessus « Génération Steevy ». Ça m’a coupé les jambes. Je ne m’attendais pas à ce que ce soit à ce point.

Selon vous, qu’est-ce qui captivait les gens pour suivre une bande de jeunes enfermés 24h sur 24 ?

Comme on était les premiers, il n’y avait pas de calcul de la part des candidats. On était vraiment nous-mêmes, contrairement à ce qu’on voit dans les émissions de télé-réalité aujourd’hui, où les participants se donnent un rôle et cherchent le buzz. Le casting était bon aussi. Chaque téléspectateur pouvait s’identifier à l’un de nous. Et puis, c’était neuf, du jamais-vu. Et la polémique a contribué au succès.

Qu’est-ce qui a fait que d’autres candidats ont moins bien vécu l’expérience que vous ?

Il faut se dire que lorsqu’on est enfermés ainsi, on perd tous ses repères. On n’a pas sa famille, ni ses amis. Le temps était parfois long. Dans ces conditions, tous nos sentiments sont décuplés. C’est ce qui fait qu’on a tous fondu en larmes quand on a reçu un message de notre maman. C’est la même chose encore aujourd’hui avec les messages des proches dans « Koh-Lanta ». Mais moi, j’ai bien vécu l’enfermement. Ce n’était pas le bagne.

Vous étiez adulé par la jeune génération, mais certaines attaques ont aussi été très virulentes.

J’ai été assez épargné. J’étais vraiment populaire. La seule chose qui m’a blessé, c’était les Guignols de Canal+ lorsqu’ils ont dit : « Et maintenant, le PD est sorti. » Mais le public, lui, m’a soutenu. Le plus touchant, ce sont les milliers de lettres que j’ai reçues de jeunes me disant que grâce à moi, ils avaient pu mieux assumer leur homosexualité. Certains pensaient que leurs parents étaient homophobes, mais en voyant qu’ils m’adoraient dans le « Loft », ça leur a donné le courage de faire leur coming out. Ma notoriété a au moins servi à ça !

Vous allez bien gérer l’après-«Loft », grâce notamment à Laurent Ruquier, qui va vous prendre sous son aile…

À 20 ans, j’avais tout à apprendre. Avec Laurent, je n’étais pas en discothèque le week-end. Il me faisait lire des bouquins de 800 pages ! Il m’a fait découvrir le plaisir de la lecture, alors que jusque-là, je n’avais jamais lu un livre en entier. Et depuis, j’ai moi-même écrit un roman et je suis devenu acteur. Le théâtre, c’est ma passion. Et je fais toujours « Les Grosses Têtes ».

Il y a le cas Loana. C’est l’émission qui l’a détruite ou un environnement toxique ?

Loana, je lui ai tendu trois fois la main quand elle avait des soucis et elle n’a jamais daigné me répondre. Donc, j’ai abandonné. Mais il faut qu’elle se reprenne. Il est clair que l’entourage est primordial. J’ai eu la chance d’avoir un foyer familial stable, des amis stables, d’avoir été tout de suite pris en main par Laurent Ruquier, ce qui m’a évité tous les requins du milieu.

Quel est votre regard sur la télé-réalité aujourd’hui, des émissions comme « Les Marseillais » ?

Je suis atterré. C’est trop vulgaire. Ces filles qui n’ont même pas 20 ans, la jupe à ras de la salle de jeu, se frottant à des garçons… Elles ne réalisent pas que ça va les poursuivre. Ces candidats sont prêts à perdre toute dignité pour une gloire éphémère. Pour moi, on ne peut pas tout accepter, tout faire. Ils ont des millions de followers, mais ils feront quoi plus tard, quand ce sera fini ? Et ce sont eux les stars des jeunes ! Car ils visent les ados avec ces programmes. Et le CSA ne dit rien. Ça me dépasse.

« Loft Story, 20 ans après ! », jeudi 8 avril, 21h15, C8

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